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Blind Melon › Blind Melon

cd • 13 titres • 55:23 min

  • 1Soak the Skin4:01
  • 2Tones of Home4:27
  • 3I Wonder5:33
  • 4Paper Scratcher3:14
  • 5Dear Ol' Dad3:02
  • 6Change3:42
  • 7No Rain3:37
  • 8Deserted4:21
  • 9Sleepyhouse4:29
  • 10Holyman4:48
  • 11Seed to a Tree3:29
  • 12Drive4:41
  • 13Time6:03

informations

Enregistré au London Bridge Studio par Rick Parashat et Mr. John Plum. Produit par Rick Parashar et Blind Melon.

line up

Glen Graham (batterie, percussions), Shannon Hoon (voix), Brad Smith (basse, chœurs), Rogers Stevens (guitare), Christopher Thorn (guitare)

chronique

Comme le rappelait le collègue Dimegoat dans sa chronique des Vaselines – par la bande, via Cobain et Nirvana – l'un des effets du grunge, de l'attitude que portait cette scène disparate, ce courant, a été de libérer le rock de l'obligation viriliste, de tout ce folklore « héros, queutards, et bros before hoes » que se traînaient les groupes à gros amplis depuis au moins les années soixante-dix (Led Zeppelin etc., Aerosmith ou Kiss et compagnie plus tard), de tous les complexes que ça pouvait générer, aussi, chez ceux qui écoutaient, admiraient ces groupes, de ne pas être ça, d'avoir des doutes, d'autres attirances parfois, pas d'attirances dans certains cas, simplement pas envie de ça, souvent, au fond. Sur un plan plus strictement musical (quoi que), « le grunge » a été aussi ce moment où toute une génération de musiciens (et celles et ceux qui les écoutaient, pas forcément beaucoup plus jeunes) a décidé que s'inspirer de ces musiques réputées ringardes (le rock, le garage, le hard-rock, les truc de chevelus psychédéliques autant que le punk rock, le hardcore plus jeunes mais nettement « dépassés » d'après les radio mainstream, les aînés directs et leurs groupes à choucroutes et spandex qui remplissaient les stades) sans les tenir pour intouchables, sans avoir à tout en retenir, accepter, valider. Personnellement, « le grunge », encaissé d'abord via Nevermind comme tout le monde à l'âge de dix-huit ans, a été, nettement, avec d'autres courants, secteurs « indie » à peu près en même temps ou un peu avant (pêle-mêle : les Pixies de Doolittle, Sonic Youth, Dino Jr., Jane's Addiction, autrement – plus tard s'ajouteront tout le neilyoungcore, décidément, façon Built to Spill, Eleventh Dream Day...) l'une des raisons qui m'ont fait TRIER mes premiers disques, mes vieilleries – revendre mes lives des Who période triomphe de la volonté, vestes à franges et des synthés pénibles, ma double-compile des Doors (je rechoperai les albums plus tard, débarrassés de la grossière légende) et quelques autres rogatons, pour acheter autre chose, troquer les bons d'échange dégagés dans l'opération contre des albums faits par des gens vivants et pas (encore, pour certains) canonisés.

Blind Melon, au fait, n'étaient pas précisément grunge. Pas vraiment, pour plein de raisons... Le groupe était basé à L.A. et non à Seattle ou alentours, déjà ; les attaques des guitares, dans leur musique, devaient au fond plus au southern rock – chorus mêlés ou enchaînés à la Lynyrd Skynyrd ou Allman Brothers Band – qu'à un quelconque « modèle punk » (expression de toute façon absurde, j'en conviens, mais vous m'aurez compris !) ; Shannon Hoon allait même jusqu'à fréquenter en pote Axl Rose – au point que ledit l'a invité à poser quelques chœurs sur les deux volumes de Use Your Illusions, pile à l'époque où la presse campaient les Guns et Nirvana en camps ennemis, où Rose et Cobain s'envoyaient des fions en interview ou entre les chansons, en concert. Seulement voilà : Blind Melon, Hoon comme les autres, n'en avaient visiblement absolument rien à foutre, de ces questions de camps et de champs esthétiques. Peut-être bien pour ça que ce premier album à pochette fille-abeille – sans être un manifeste et justement, aussi, en vertu de ça – a toujours sonné à mon oreille comme un disque-pont, un disque-nœud entre toutes ces scènes, ces approches, aussi typique que ceux de groupes plus réputés, de contemporains supposés ne pas pouvoir s'encadrer ou au mieux s'ignorer mutuellement (y compris au sens le plus littéral du terme).

Donc, Blind Melon, album homonyme : un chanteur à l'allure de bébé junkie en défroque babos, à l'écriture sensible, écorchée mais déliée, le genre qu'on imagine se prendre des claques derrière la tête par les sportifs du lycée mais qui les éclipse tous dès qu'il prend le micro ; une incroyable orgie de guitares fines et puissantes, disais-je, harmonisées, véloces mais capables aussi de suspendre le temps, de scintiller à l'arrière-plan pour que tout le reste (la voix, la substance multiple des chansons) jaillisse ou sourde plus visible, plus touchant, plus beau ; un allant rythmique rare, imparable, accents déplacés, portés toujours à l'instant exact pour faire basculer ou ancrer les compositions, l'atmosphère, le son collectif. Un seul vrai tube, à priori : No Rain, avec son clip qui met en scène le personnage de la pochette (mais joué par une actrice – sur la photo c'est la grande sœur du batteur, semble-t-il, plus du tout une enfant à la sortie de la chose). Un hit un peu en forme de malentendu, d'ailleurs – tant No Rain est une chanson bien plus « facile », moins singulière que... Toutes les autres, en fait, ou peu s'en faut, sur cet album (sans parler du suivant). Un malentendu assez beau, toutefois, et seulement partiel – tant au fond, No Rain exprime, en même temps, sous cette forme presque « trop » simple, toute l'émotion, toutes les émotions, la vision inquiète mais limpide, ce côté « soleil à travers la flotte » (bon, vu le titre...) de Hoon et de Blind Melon... C'est à dire, aussi : sa conscience aiguë des nuages qui ne cessent jamais de se lever et grandir, hors d'un champs de vision réduit, qui s'accumulent pour mieux venir boucher à nouveau, le moment venu, le ciel sous quoi on voudrait se tenir heureux (ou alors au moins peinard). Ce n'est après tout peut-être pas « le public » qui s'est trompé, en embrassant cette chanson, parmi celles de Blind Melon, toutes celles qui ne lui ressemblaient pas tant que ça.

Ce n'est certainement pas le groupe qui a fauté, en enregistrant, en sortant celle-ci plutôt qu'une autre. C'est simplement qu'elle se tient un peu à part – pas moins « vraie », allez, que le reste, signe que de toute façon il y avait beaucoup à prendre et guère qui puisse plaire absolument à tous, chez Blind Melon. Et de fait – c'est pour beaucoup son principal défaut ; je veux bien l'entendre mais pour ma part ça n'a jamais fait obstacle – ce premier album ne se fixe jamais vraiment, son style reste insaisissable, son humeur changeante. Pour ma part je l'ai assez écouté – encore et encore puis de loin en loin, puis plusieurs jours de suite à nouveau... toujours avec le même plaisir – pour y reconnaître immédiatement, quelles que soient les atmosphères, les plages, les traits d'un ami, d'un familier, une personnalité mobile mais pas disloquée, vraiment, bringuebalée, plutôt, entre les moments d'une vie quelque peu chaotique, qui n'arrive pas à se poser. Un âge pas fixé, en somme. 1992, tiens... C'est l'année de Nevermind, on y revient. Celle de Dirt (Alice, again). Celle de Sweet Oblivion (des Screaming Trees) et de Peace of Cake (Mudhoney), entre autres. Celle de la tournée « des Guns » pour les Use Your Illusions, oui, aussi, la boucle est... Eh bien pas si jointive. Blind Melon sera toujours plus discret que tous ceux-là – et ce premier disque, sans doute, moins célébré. Dommage ? Pas forcément – ça ne l'empêche pas de rester, comme d'autres d'alors, cités ici ou non, tout aussi délectable qu'alors. J'affirme qu'il demeure un truc assez unique, exceptionnel – « pour un premier » ou non. Il y en aurait un autre, avant que Shannon Hoon ne calanche aussi connement que d'autres, mettant fin à l'histoire – arrêt cardiaque dans le tour-bus après une trace de trop... Bref. Il serait assez unique, aussi, cet autre – la pochette aussi peu glam et le ton bien plus tenu que le ci-présent, la matière pourtant encore étoffée, les arrangements somptueux... Autre histoire, disais-je. Dirons-nous. J'y reviens aussi – sans qu'il efface, estompe celui-là, sans qu'ils se fassent de l'ombre, selon le jour et l'heure et la forme et l'état que prend mon appétit.

Très bon
      
Publiée le vendredi 22 septembre 2023

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Oui, on parle bien du même genre de contraste, de changement général d'attitude à cette époque et sur "ces scènes" par rapport au rock de juste avant... Je me souviens d'ailleurs que quelques années plus tard, au moment où le net commençait à devenir un truc plus répandu, bientôt généralisé (en France, en tout cas, vers la fin des années 90/tout début 2000 - et ça fait bizarre de se dire que c'était finalement seulement dix ans plus ou moins après "l'époque grunge", en passant) avoir lu des articles en mode "le grunge a cassé le fun dans le rock, on avait David Lee Roth et Motley qui chantaient la teuf, l'alcool et les meuf en maillots de bain et tout à coup on s'est retrouvé avec Cobain et d'autres pleurnichards qui chantaient qu'ils se détestaient et voulaient se buter"... Incompréhension totale - alors que les mecs qui écrivaient ce genre de choses ne devaient guère avoir que quelques années de plus que les gars et filles de la "génération grunge", et globalement que tout ce monde-là devait venir à peu près d'un même "background" (social, économique etc.).

Message édité le 23-09-2023 à 13:38 par dioneo

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Giboulou Envoyez un message privé àGiboulou

Et aussi, je précise que le côté sensible est souvent le petit truc en plus qui me fait accrocher à un groupe / artiste (genre Keith Caputo dans Life of agony). C'est particulièrement juste ce que tu dis dans la chro concernant le passage (pour les musiques à guitare saturées) entre les 80's (genre motley crue qui disait "les féministes ? On leur file un pass backstage et on les baise comme les autres" ou dans le hardcore us "t'as pas écrasé une clope sur ton épaule t'es pas un mec") et le grunge au sens large qui parlait plus de failles et de doutes...

Message édité le 23-09-2023 à 13:29 par Giboulou

Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Oups, déso alors, j'ai dû confondre pour Maggot Brain, c'était quelqu'un d'autre donc !!

Et OK, noté, tu disais plus "dommage, je ne peux plus à cause de ça", je vois, que "j'ai toujours trouvé que ça foutait tout en l'air".

En tout cas pour ma part ça ne va pas me "contaminer", t'inquiète, je ne l'entends toujours pas comme envahissant, le Shannon, sur les deux albums "de son vivant" du groupe ! (Je crois que je n'ai jamais écouté For My Friends, tiens, l'album qu'ils avaient sorti en 2008 avec un certain Travis Warren au chant, pour remplacer Hoon... Pour le coup, j'ai un peu peur qu'il y manque).

Note donnée au disque :       
Giboulou Envoyez un message privé àGiboulou

Objection votre honneur. Le solo de maggot brain est un des trucs les trippants de la galaxie ! Il ne me semble pas trop technique d'ailleurs ce solo (à l'écoute) mais plutôt gorgé d'un feeling extraterrestre. Et j'aime aussi les gros dérapages qui en foutent partout. Comme je le nuancait dans un précédent commentaire, c'est plutôt le fait que désormais mon cerveau / oreille fait une fixette dessus qui m'embête. Et des fois, t'as une image qui s'imprime dans ton crâne indépendamment de ta volonté (le gamin qui dessine en l'occurrence qui me paraît approprié pour le bonhomme qui mettait en avant une forme de nativité qu'il aimerait envers et contre tout garder malgré le passage à l'âge "adulte"; thème récurrent du grunge au passage). J'adorerai pouvoir le réécouter comme à l'époque ce disque sur lequel j'ai bien trippé. Peut être que ca me passera...

Message édité le 23-09-2023 à 12:41 par Giboulou

Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Oh dis, tu triches ! Bébé et Sensible, je les ai pas mis dans la même phrase ! Pour préciser : "sensible", de ma part, ça ne veut pas du tout dire "oh ta gueule ouin-ouin, sois UN MEC un peu, dude", hein... C'est pas du tout méprisant, comme terme - cf l'intro de la chro sur le grunge et la suspension provisoire de l'obligation de virilité façon "avant au moins les mecs c'étaient des VRAIS" dans le rock, en intro de ma chro. Ce qui fait - ça et d'autres éléments - que je ne le perçois pas du tout comme "gâchant le beau dessin avec ses barbouillages", contrairement à toi, le Shannon, juste parce qu'il ne fait pas le taiseux au regard impassible.

Ou pour le dire autrement : ben oui, des fois déborder, en mettre beaucoup, c'est un parti-pris, on aime ou pas mais trouver que par défaut "ça n'est pas comme ça qu'ils auraient dû faire, un peu de retenue messieurs, enfin, l'art c'est une question de sobriété et de juste mesure", je ne trouve pas ça moins buté que le dogme contraire, du "plus y'en a mieux c'est". En l'espèce je ne trouve pas du tout que Hoon en fasse trop, ça tient pour moi plus d'une expression ici poussée au max que de la frime pour montrer comment qu'il est fort, quoi...

Mais je crois bien - et c'est pas grave du tout hein ! - qu'on a des jauges très différentes sur ces sujets, si je me fie à d'anciens échanges sur Maggott Brain, le morceau, où de mémoire tu trouves le solo excessivement démonstratif alors que pour moi il ne tient à aucun moment de la fête de la saucisse façon "tu vas te la manger ma grosse technique" (Eddie Hazel n'étant de toute façon à mon sens pas du tout le guitariste le plus "technique" de ceux qui passeront par Funkadelic/Parliament et consort, beaucoup trop marqué par une approche encore une fois très expressive, dans un sens très psychédélique du terme, pour se demander s'il ne devrait pas jouer dix-huit notes de plus, là, en les plaçant exactement sur les temps pairs de 2 à 18 puis impaires de 1 à 35 tioujours à la bonne milliseconde près... Des types comme Michael Hampton ou même Gary Shider sont en fait beaucoupl plus "techniciens" que lui, chez Clinton and Co., et parfois pour le coup, je trouve que ça raidit un tout petit poil la musique de la bande, alors qu'à oreille distraite, on pourrait avoir l'impression que tous jouent "dans la même veine"... Bref, hors-sujet mais juste pour dire que décidément on ne semble pas placer "l'excès" au mêmes endroits, quoi).

Note donnée au disque :