Pan ! Te les sécher au blind test ! Évidemment, les spécialistes de Fad Gadget se méfieront, aucun morceau de connu, quelques petites différences… Leur faire croire que c’est des démos fraîchement redécouvertes ? Trop pro et bien enregistré. Reste à révéler le pot aux roses, si Fad Gadget avait eu un petit frère, c’eût été Spöön Fazer alias Simon Patterson. À l’heure où Frank Tovey n’est plus, ce projet anglais pourrait mettre du baume sur les plaies. Son projet n’aura enregistré que deux singles au début des 80’s mais les fins nez ne s’y sont pas trompés, ni Patterson d’ailleurs qui a conservé et archivé son travail tant musical que visuel car notre homme ne s’est pas contenté de jouer les pionniers de la synthie wave britannique, il a également travaillé des visuels forts inspirés notamment par le Japon, le kabuki, mais pas uniquement. Le label Anna Logue aussi a débusqué le lièvre puisqu’ils ont réussi à le faire sortir un (excellent) mini chez eux en 2008. L’époque actuelle était on ne peut plus mûre pour une compilation au semi-étonnement de l’intéressé fort conscient du potentiel de sa musique mais peu enclin à mettre la moindre goutte d’eau dans son saké. Il va finalement s’en remettre au petit label OM Swagger qui entre 2020 et 22 va sortir deux compilations de ses travaux. La première, on ne pas faire durer le suspense, est une vraie mine à pépites groupant les chansons du premier single, celles du EP de 2008, plus un paquets d’autres inédits. Si Patterson assure quasiment tout, il ne manque pas de rappeler qu’il a été secondé musicalement, graphiquement par un certain Jimmy Cauty (sa femme fera des chœurs) qui sera membre de The KLF. Boîte à rythmes, synthés, un chant évoquant celui de Frank Tovey, à ceci près que Spöön Fazer proposent également des compositions plus post punk avec basse (des réminiscences de The Whippets from Nowhere, son premier combo plus orienté punk ?), ainsi sur ‘Do different dances’, ‘Beat dance drumming’ (pas si éloigné d’un Gary Numan punky) ou ‘Fall in love with the East’ avec sa touche funk wave glacée. On ne s’explique pas comme de telles compositions n’ont jamais fini dans les hit parades tant leur potentiel sauterait aux oreilles d’un sourd. Les pièces synthétiques me ravissent davantage encore, Patterson comme Tovey a le sens des mélodies simples mais imparables et des sonorités efficaces avec un côté moins rugueux cependant, l’homme ne semble pas spécialement intéressé par la touche plus industrielles des expérimentations synthétiques. Arrivent les chansons du EP ‘Bam-Boo’, probablement mes favorites sur cette compilation qui auraient pu avoir été enregistrées il y a 40 ans, hier ou demain, dans lequel l’artiste laisse éclater son amour pour le Japon (‘Kyoto’) et livre, à mon humble avis, son hit absolu, le splendide ‘Rising sun’ qui a collé mon doigt à la touche ‘repeat’ du lecteur CD. Le thème au synthé simple mais ultra percutant m’incise l’âme de même que le chant qui est juste parfait, une crème de new wave synthétique. Je ne saurais à ce propos trop conseiller la version cd nettement plus fournie que celle en LP (pas moins de cinq titres dont cet immanquable ‘Rising sun’). En résumé, il n’y a vraiment rien à jeter sur cette galette, finalement variée dans son panel de possibilités, capable de faire danser en abordant des thèmes toujours tabous tels que le suicide ou la précarité mentale, de faire rêver et qui, je l’espère, récoltera enfin un peu des louanges qu’elle mérite même si l’artiste est resté fidèle à son crédo en ne choisissant que de petites structures. J’attends du coup la seconde compilation avec impatience.