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Screaming Trees › Buzz Factory

cd 1 • 11 titres • 40:28 min

  • 1Where The Twain Shall Meet
  • 2Windows
  • 3Black Sun Morning
  • 4Too Far Away
  • 5Subtle Poison
  • 6Yard Trip #7
  • 7Flower Web
  • 8Wish Bringer
  • 9Revelation Revolution
  • 10The Looking Glass Cracked
  • 11End Of The Universe

informations

line up

Gary Lee Conner (guitare), Van Conner (basse), Mark Lanegan (chant), Mark Pickerel (batterie)

Musiciens additionnels : Jack Endino (chœurs sur Black Sun Morning)

chronique

Vision coloronirique d'une ville industrielle anonyme. Quatrième couverture du groupe le plus solaire de l'ère grunge avec King's X, et pourtant comme eux jamais vraiment sorti de l'ombre, pour des raisons en partie liées au marketing - si j'ose dire. Sur Buzz Facto, Screaming Trees se désapent un peu du psychégarage, du son plus "maigrelet-aigrelet" d'Invisible Lantern, et rendent leur rock plus limpide, aussi plus mûr. Un peu comme s'ils l'avaient mis en fût, puis filtré. Ils entament la rondelle avec une basse bien ligneuse : "Where the Twain shall meet" reste un de ces morceaux mimis tout plein du groupe, un de ceux auxquels je me suis attaché sans trop d'effort. Même s'il me casse parfois les bonbons, et que j'attends surtout les ravissants "come on come on come on" de la fugace et jolie "Windows". Pourtant si j'me suis acoquiné de cet album a priori transitionnel, c'est d'abord grâce à sa petite ballade si touchante, une des plus belles et pures chantées par l'ange-démon Lanegan : "Yard trip #7", qui m'a toujours semblé venir de ses solos futurs, comme un petit songe échoué ici, dans cette zone usine pas vraiment à tubes ; mais qui est pour de vrai ici, et qui y est bien, comme les mockingbirds blottis dans The Winding Sheet. Une des vraies gemmes sous l'écorce. Jeune Lanegan y est déjà vieux Lanegan. C'est beau. "Flower Web", pas si loin derrière dans le ravissement (en plus c'est la piste suivante, la tracklist valide ce propos, que demande le peuplier ?) Buzz Facto, comme la plupart des Scream'Trees, se révèle au fil des matins rayonnants, la tristesse n'y est pas vraiment le sujet. Le bonheur non plus. Plutôt quelque chose entre les deux, dans l'harmonie des milieux de semaine et surtout des époques brouillées, auréolée de cette saveur subtilement onirique assez singulière, celle de Screaming Trees, celle d'une journée comme les autres qui est différente. Et qui s'achève sur une variation d'"Helter Skelter", un des morceaux des Trees tout biscornu-biscotte tartinée avec amour de beurre et confiture. Même si cette générosité de 1989, sera reléguée au second plan par leur parade surnaturelle de 1991. En y revenant, pourtant, on quitte la sensation initiale d'un disque de rock assez banal pour se rendre compte de toutes ces harmonies qui nous imprègnent, et des petites touches brillantes de Gary Lee Conner, ce mec plein d'amour pour ses cordes qu'il aime autant ébréchées que cristallines, et d'idées de couleurs pour ses mélodies rien qu'à lui, ce guitariste capable de vous faire voir la rouille en jaune poussin.

note       Publiée le lundi 18 septembre 2023

chronique

L'usine à buzz... Ce serait quoi ? Seattle, avec alors, comme acception du terme, la rumeur qui vient, prête à porter partout la scène locale ? Pas sûr... En 1989, Sub Pop a bien entamé le boulot, certes, mais « le grunge », ce n'est encore qu'une affaire principalement locale – même pas sûr que le mot circule déjà. Nirvana ne sortiront leur premier (Bleach) que quelques mois après celui-là. Les Melvins sont encore trop bizarres pour les labels hors-les-murs voire pour une grosse partie du public indie (trop lourds) ou metal (trop colorés). Mudhoney eux aussi débutent tout juste sur album. Les Screaming Trees en sont déjà à leur quatrième mais là encore, on ne peut pas dire que ce soit le carton mondial ni même beaucoup plus loin que leurs limites municipales, signature (deux albums plus tôt) chez les légendaires (et californiens) SST ou non... Buzz pour le bruit de masse du câblage mal soudé, alors ? Le bruit dans les amplis ? Disons que ce serait cohérent avec leur approche, ce qu'on connaissait d'eux jusque là.

Peut-être, mais pourtant, précisément : cet album grésille beaucoup moins, déjà ! Il bourdonne, c'est vrai – comme pris d'une humeur soudainement plus maussade, un peu engluée. Le groupe joue pourtant toujours aussi ferme, le son continue de s'étoffer – le garage chaotique de Clairvoyance et (déjà un peu moins) Even If... est loin derrière. Invisible Lantern est passé par là – et l'épaisseur de sa substance demeure, dans la musique qu'ils jouent, ici. Lanegan chante de mieux en mieux, la guitare de Gary Lee Conner se détache comme jamais, la rythmique fait ce qu'elle veut à l'aise sans que ça cesse de méchamment groover mais... Je ne sais pas, les mecs ont beau continuer, avec ça, de chercher, c'est peut-être bien le seul Screaming Trees où j'ai l'impression de les entendre légèrement stagner, le seul où je leur soupçonne une certaine indécision, là où avant j'ai toujours eu la sensation que quand un choix se présentait, ils décidaient invariablement de partir à fond dans les DEUX options à la fois... Honnêtement, Buzz Factory n'est même pas dénué de pépites (« nuggets », on y revient?) ! Black Sun Morning, le long final End of the Universe avec sa partie de guitare Cornemuses de l'Apocalypse qui débouche sur un mur, un lac, un torrent de Wha en feu, et l'un des plus beaux cris éraillés de Lanegan... Encore un truc bien psyché, tiens, cette plage – écriture à la Beatles, exécution à la Stooges ou (une fois de plus, comme sur certains morceaux d'Invisible Lantern, encore) à la stoner, comme on dira plus tard. Chargé, pas mal exultant. Mais voilà, entre celles-là et celles qui annoncent ce qui suivra – les disques de la période Epic – je trouve que ça ne prend pas toujours, que pour une fois cette façon particulière qu'ils ont de ne pas se décider, ne prend pas complètement, ne parvient pas à faire cohérence (ou à nous faire oublier pourquoi il en faudrait, de la cohérence, du concept arrêté).

Buzz Buzz Buzz, mon cerveau mouline et se demande pourquoi j'aime moins celui-là, ce qui lui manquerait. Peut-être rien, à vrai dire. C'est peut-être « mon cœur plus que le leur » qui y fait défaut – c'est peut-être bien complètement arbitraire. Ça ne fait rien. Ça fait seulement que je n'ai guère plus à en dire. Un jour, peut-être, un soir etc., l'étincelle jaillira d'une de ses prises jack à la finition négligée, d'un de ses branchements mal isolés... « On ne sait jamais quand les deux [mais qui... Mark Twain et le train ?] vont se rencontrer », chantent-ils en ouverture. Il paraît que si, qu'il existe des cartes et des horaires. Pas envie de consulter ça, mon Screamin Trees, moi, je le préfère repéré à l'oreille, retrouvé à l'instinct, à l'envi(e). C'est quand-même pas mal du tout, allez, cette chanson – When Twain Shall Meet ; puis quelques autres aussi... Buzz Buzz Buzz, je passe au suivant ou je retourne à l'un de ceux d'avant. Ne vous gênez pas pour me l'emprunter, tout de même, je vous le laisse sur l'étagère, à côté des cartons.

note       Publiée le lundi 18 septembre 2023

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Et @Giboulou : oui, de toute façon Screaming Trees, c'est un de ces groupes faits pour qu'on ait chacun/chacune notre préféré, ou nos, sans avoir besoin d'en faire de la vérité universelle... C'est un des trucs qui me plaît chez eux, c'est finalement assez rare dans le cas de groupes qui pour autant ne sortent pas du tout des albums interchangeables, cette incitation permanente, évidente à la subjectivité, sans que ça devienne de l'injonction. Ce qui fait que je ne vais pas contre-argumenter - seulement te dire sans la moindre nuance d'ironie ou assimilé que ouep, cool si tu y trouves pleinement ton compte, dans celui-là, alors que moi beaucoup moins. (You never know how many yellow bouboules shall meet...).

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    @Torqué : Ah ah merde, c'est l'accent ! J'ai toujours été persuadé, en fait, donc j'entendais "trains" (comme d'autres entendent mordicus que "cuicui ils sont durs", sur une autre chanson d'un autre groupe...). Je corrige ça, merci. (Et je modifie ma conclusion, du coup, salopiots de Saules, m'foutent ça en l'air trente ans avant que je la fasse).

    Message édité le 18-09-2023 à 10:49 par dioneo

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    Giboulou Envoyez un message privé àGiboulou

    Tiens, pour une fois je ne suis pas trop d'accord avec les chros...Je trouve justement que ce saule pleureur est leur meilleur. Pourquoi ? Déjà il y a mes deux morceaux préférés de mon groupe favori de la scène grunge. Too Far Away, perfection pop nuggets qui, je ne sais pour quelle raison, me fait penser au Jesus & Mary Chain. Subtle Poison, meilleur morceau grunge côté Stooges de la force. Mudhoney a sûrement avalé son miel boue de travers à la sortie de cet album. D'ailleurs, Cobain a dû aussi sortir son calepin et noter que le chant eraillé de Black Sun Morning collerait à merveille sur Bleach. Le son ensuite, plus poisseux, gras que sur les autres convient particulièrement bien à l'ensemble et donne une sacrée cohérence au disque. Je rejoins Raven sur le parallèle avec King's X (lumineux mais pas dénué de noirceur un peu comme leur album éponyme juste avant Dogman). Dans son autobiographie, Lanegan disait qu'il s'agissait d'un des seuls albums pour lequel il était sobre et, ma foi, cette lucidité cruelle, presqu'unique dans le sans faute des Screaming Trees, me plaît énormément.

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    torquemada Envoyez un message privé àtorquemada

    C’est pas « trains » c’est « twain »… l’effet du Buzz ?

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