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Screaming Trees › Invisible Lantern
- 1988 • SST records SST 188 • 1 LP 33 tours
lp/cd • 12 titres • 41:20 min
- 1Ivy3:16
- 2Walk Through to This Side2:32
- 3Lines & Circles3:45
- 4She Knows2:15
- 5Shadow Song4:15
- 6Grey Diamond Desert4:22
- 7Smokerings3:43
- 8The Second I Awake2:59
- 9Invisible Lantern3:02
- 10Even If3:48
- 11Direction of the Sun2:53
- 12Night Comes Creeping3:53
informations
Enregistré par Rod Doak au studio Velvetone. Produit par les Screaming Trees et Steve Fisk.
line up
Gary Lee Conner (guitare, orgue), Van Conner (basse), Mark Lanegan (voix), Mark Pickerel (batterie)
Musiciens additionnels : Steve Fisk (piano sur Grey Diamond Desert)
chronique
Sur celui-là, c'est frappant : un vrai changement se joue ! La musique des Screaming Trees prend de l'épaisseur – du poids, de la charge. En parlant de charge : on dirait bien aussi qu'ils ont décidé d'étendre à d'autres secteurs leur amour des explorations psychédéliques. Oh, les traces de combos sixties plus ou moins célèbres ou obscures y sont toujours mais comment dire... Ivy, en ouverture, c'est tout bonnement « le grunge » qui se met à cracher, vomir, faire flamber les Stooges ! Un sens tout neuf – tout juste trouvé, à même le temps d'enregistrer, peut-être bien – des strates de boucan, feedback, des couleurs, des dissonances, aussi, qui n'ont plus l'air d'être là seulement parce que les mecs avaient décidé que ne pas s'accorder, c'était encore le meilleur truc à faire. Le groupe, au vrai, commence, ici, à vraiment muter – j'ai toujours cette impression, en tout cas. Rien n'est abandonné, de ce qu'ils avaient mis en place – ou jeté brut dans leur espace-temps – sur les deux premiers albums, mais ils poussent plus loin, prennent sans doute la mesure de ce dont ils sont capables, depuis là... S'y jettent avec l'absence totale d'inhibition qui avait toujours été la leur mais cette fois, semble-t-il, en sachant vraiment ce qu'ils font – en sachant tout de suite comment faire, un instant peut-être avant de s'y coller mais cet instant là fait une différence.
Pour tout vous dire, je la trouve tout bonnement fabuleuse, cette Lanterne Invisible, cette version-ci de leur musique, toute crépitante, toute fluide (disparue la rigidité ligamentaire des deux disques d'avant...) mais nouvellement pesante donc, autrement matérielle... Il aurait presque quelque chose de stoner, ce disque – mais sans le moindre soupçon de mystique du désert, de mystique tout court, d'ailleurs, il me semble. Les mecs restent toujours terre à terre, comme s'ils te causaient ou causaient à un pote à la table d'à côté. Les pieds sur terre mais oui : la tronche sans doute souvent plantée dans le cosmos... Psychédélisme, disais-je, versant lourd et grumeleux – puis déjà regardez cette pochette, hein ! Pragmatiques mais pas dénué de toute inclination sentimentale – même romantique, allez, on sait à quel point Lanegan allait plus tard donner là-dedans, dans la chanson d'amour cassée, la romance crépusculaire, embuée, oxydée. Magnifique – ça y est, dès ici – Lanegan, là-dessus, tout le long. Et Conner – Gary Lee, le guitariste (et organiste... pas tout le temps mais jamais pour rien) – qui se lâche de plus en plus, discrètement flamboyant, incendiaire plutôt. Et la rythmique – Conner, Van, le frère bassiste des deux, et Mark Pickerel – qui groove comme jamais avant, comme rarement ensuite, à mon sens, encore totalement insoucieuse d'amortir quoi que ce soit, déjà complètement tenue pourtant, prompte aux variations subtiles comme aux virages en épingle à cheveux. Puis ces moments où ça ralentit, où ça varie les vitesses – Even If avec son orgue, justement... Plus rien de claudiquant, de trébuchant, là-dedans. Toujours rien qui fasse métier consommé, pour autant, « gestion ».
Ici, ils pointent, comme ils disent « en direction du soleil » ; puis aussi, ailleurs, « la nuit vient en rampant ». C'est beau, ce contraste – et à mon sens, comme ça n'est beau nulle part ailleurs, chez eux. Ça ne veux pas dire, qu'on ne s'y trompe pas, qu'il y ait matière à se fixer sur celui-là seul, qu'après il n'y aurait plus rien, qu'avant ça n'ait été que « préparation ». Non, c'est simplement que celui-là se tient seul dans son espace, sa narration propre. Après ça, les Screaming Trees sortiront encore un disque sur SST, « chez les indés » – un pas moins étrangement contrasté, pas moins en mouvement perpétuel vers une autre version (elle-même toujours transitoire) d'eux-mêmes, de leur musique. Puis « comme tout le monde », nombre d'autres groupes de cette scène – de Seattle, des années 90, le « phénomène grunge » et blablabla... – une major (Epic) leur ferait un contrat plein de promesses (et sûrement de chausses-trappe). Encore une autre histoire, ça. Mais en fait chez ces mecs, c'est CHAQUE FOIS, « encore une autre histoire ».
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- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Beh oui, elle est pas moche, d'ailleurs, juste tripée quoi.
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- born to gulo › Envoyez un message privé àborn to gulo
Grave. Grave foncedax, et grave pas moche.
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- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Pochette foncedax, je dirais. (Pas que ce soit fatalement contradictoire remarque...). Pochette grungédélique, allez.
Message édité le 16-09-2023 à 17:56 par dioneo
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- nicola › Envoyez un message privé ànicola
Pochette progmoche ?
- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Ouep, Ivy calme d'entrée de jeu... Ils auraient pas pu trouver mieux, comme début, je crois. Et oui, post-punk j'entends ça aussi dans celui-là (avec une inflexion "bien américaine" qui fait que ça ne s'entend pas forcément tout de suite mais n'empêche).
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