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Screaming Trees › Even If and Espacially When

lp/cd • 12 titres • 36:57 min

  • 1Transfiguration3:53
  • 2Straight Out to Any Place2:00
  • 3World Painted2:59
  • 4Don't Look Down2:53
  • 5Girl Behind the Mask2:33
  • 6Flying3:14
  • 7Cold Rain3:34
  • 8Other Days and Different Planets
  • 9The Pathway3:25
  • 10You Know Where It's At2:29
  • 11Bach Together2:08
  • 12In the Forest4:04

informations

Enregistré au studio Velvetone. Produit par les Screaming Trees et Steve Fisk.

line up

Gary Lee Conner (guitare, orgue électrique), Van Conner (basse), Mark Lanegan (voix), Mark Pickerel (batterie)

Musiciens additionnels : Rod Doak (chœurs sur Cold Rain)

chronique

Retour au garage ? Re-retour aux sixties ? Eh bien disons que ce coup-ci, l'entrée en matière a quelque chose de carrément Beatles, même, et que tout le disque en s'ébrouant, projette du Kinks, du Byrds, des éclaboussures de gens comme ça. Les Screaming Trees sont passés sur SST – le fameux label de Greg Ginn, de Black Flag – mais au fond, qu'est-ce que ça change ? Eh bien pas grand-chose (d'autant que, SST ou pas, le disque est enregistré dans le même studio que le précédent, produit par le même type, aussi). Ce n'est pas que les mecs seraient figés dans une « esthétique » – il n'y a qu'à suivre tout le fil de leur disco pour voir à quel point l'idée serait absurde – mais parce que leur approche reste la même, à la fois indépendante des « moyens » et prompte à s'emparer des circonstances, moments, lieux, matériel et matériaux... C'est comme ça que j'entends ce titre : « même si et spécialement quand », une sorte de casuistique spontanée, qui s'accroche mordicus à ce qu'elle trouve sans trop se soucier de ce qui là-dedans est réputé possible, faisable ou pas. De fait, ça leur réussit...

Even If..., certes, reste très proche dans la forme – influences rétro plongées dans une variété bien actuelle de cambouis, décapé/enluminé à l'aide d'acides « modernes » ; production délibérément pas trop nette, râpeuse ; jeu nerveux, éclaboussant, à la fois raide et dérapant – de Clairvoyance, sorti l'année d'avant. Les mecs continuent d'apprendre – et à tendre l'oreille, on se rend très vite compte qu'ils avancent, progressent, sont déjà plus à même, ici, de jouer ce qu'il leur a pris (d'écrire, d'envisager...). Lanegan n'est pas encore le crooner des années à venir mais déjà il chante plus juste – timbre saturé ou pas, et effets déformants. Gary Lee Conner varie les textures de gratte – mixées toujours comme un peu à l'arrache mais qui tombent souvent comme miraculeusement juste où il faut aux marges de l'inaudible, dans une zone floue du son qui les rend plus délectables. Ses soli partent à peine moins dans tous les sens, d'accord, mais l'impression point que ces tronçons, passages de dérives ébouriffées font partie d'une mécanique bien tenue, d'un équilibre en train de se faire (en le sabotant un peu, pour que le mouvement demeure, la dynamique de dynamo emballée). La rythmique ne joue toujours pas la souplesse funky – mais elle a pris ce tour plus assuré, la sensation d'urgence est toujours là mais plus le soupçon que les mecs courent après leur musique et s'y raccrochent d'extrême justesse... Disons que tout le monde est toujours au bout voire au fond mais que désormais, on entend bien que c'est un choix, une manière de ne pas amollir le truc, de rester en une espèce de forme nerveuse, de maintenir l'empressement insomniaque.

Une idée, un mouvement simple comme l'accélération à la fin de Flying, pris comme ça, tourne en pure moment de joie, de bonheur foutraque, tête dans le guidon mais pas fixé sur « la win » ou autre foutaise, seulement soucieux de porter le truc à la lisière de l'éclatement, de parvenir à ne pas le lâcher alors qu'il surchauffe, monte à pic. L'accordage parfois approximatif ou pire – sur Cold Rain et ailleurs – froisse le tympan mais dans une zone qui tourne la chose en stimulant plaisir, plutôt qu'en écorchant bêtement... C'est chouette, aussi, quand ils s'essayent aux harmonies vocales – avec leurs voix pas franchement travaillées, leur technique plutôt limite, de ce côté là, la réverbe qui fait le joint pour que ça ne sonne pas trop bancal. Sauf que Lanegan, donc, commence à foutrement mieux maîtriser la sienne, de voix – qui se tient solide au milieu de tout ça, maintenant, des cahots, des couleurs explosées/piquetées, élément aux contours nets désormais, sur la bande saturée...

« Objectivement », Even If... est meilleur – plus abouti (relativement, encore), moins mal foutu – que Clairvoyance. Subjectivement, je n'ai rien à dire qui « tempérerait » ça, qui expliquerait pourquoi je préfère, d'un poil, l'autre. Même pas une question de fraîcheur préservée – celui-là ne l'est pas resté moins que l'autre, « frais », les deux sont bien à même de sonner « datés » ou « intemporels » aux mêmes oreilles, respectivement. Ce n'est pas une question de formule qui se répéterait, encore une fois – puisqu'encore une fois rien ne sonne recette, là-dedans, tout continue de bouger. C'est simplement... Eh bien que l'autre me cause davantage, me réjouit imperceptiblement plus sûrement. Nous voilà bien avancé, vous me direz ? … Ce n'est pas trop la question, vous répondrai-je ! C'est à vous de voir par où vous y plongerez, dans cette, musique, cette période brute et survoltée du groupe. De toute façon le contact sera rude – c'est tonifiant, comme immersion, mais on est bringuebalé, là-dedans, là-dessous, secoué, il faut s'y attendre. Ou alors, ou plutôt : il faut y entrer d'un coup sans chercher à s'habituer. M'est avis qu'ils ont fait comme ça, eux. M'est avis, je maintiens, qu'ils ont bien fait. Depuis que je m'en suis rendu compte, je ne vois jamais trop pourquoi, de l'une ou de l'autre tranche, je devrais me priver (quand eux se gênent si peu).

note       Publiée le samedi 16 septembre 2023

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Ouep, et ça s'entend vraiment, sur ces deux premiers au moins...

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    Raven Envoyez un message privé àRaven
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    Les Seeds carrément, j'y ai pensé aussi, Sonics aussi, etc, ils ont bien bouffé les compiles Nuggets.

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Oui, c'est pas le seul coup où on peut faire le rapprochement, je trouve, Trees/Stranglers, et sans doute en partie (au risque de radoter...) pour une influence Doors commune, je me dis tout le temps - et aussi sûrement de groupes garage/psyché à orgue moins célèbres, genre The Seeds et d'autres bien plus obscures. Enfin, j'entends ça surtout dans la partie "indé" de leur disco, sur les disques tardifs/Epic c'est nettement moins voire plus là, je dirais.

    Message édité le 17-09-2023 à 09:54 par dioneo

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    Raven Envoyez un message privé àRaven
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    Ma préférée sur celui-ci je crois est "You know where it's at" - elle me fait un effet Stranglers.

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