Integrity › Those Who Fear Tomorrow

Ah, "Those who fear tomorrow"... quel kif ! Quelle brutalité poilue ! Mais rembobinons un petit moment. Dwid Hellion est originaire du Midwest, ces grandes plaines céréalières américaines où l'on a vite fait de se sentir minuscule et où, aussi : on s'ennuie. Il raconte par exemple dans une interview qu'il n'avait souvent rien d'autre à faire, enfant, qu'à mettre en forme tout ce qui lui passait par la tête, et Belzébuth sait qu'il en avait du bazar à exprimer! IL lui faudra donc plusieurs médias, et une sorte de "hub", une machinerie qui servira de courroie de transmission à ses ambitions plastiques, musicales, poétiques, expérimentales. Et ce machin s'apelario : INTEGRITY. Il faut bien comprendre qu'Integrity est une sorte d'exutoire, de laboratoire et de grand foutoir esthétique, dédié à l'expression du seul et unique Dwid, de ses angoisses, de ses questionnements existentiels, le réceptacle de ses obsessions métaphysique ou hobbys mondains. Il restera logiquement le seul à bord de ce rafiot jusqu'à présent, embauchant au besoin des dizaines de musiciens que l'on retrouvera dans les scènes hardcore et métal américaine, tout en s'occupant lui-même des compositions, des paroles, du packaging, des thématiques, des illustrations. Dans une autre interview on pouvait lire qu'Integrity n'était pas pour lui un groupe de hardcore... et, effectivement, on retrouvera de la noise, du heavy metal, du thrash metal, du black metal, du hard rock, du post punk, enfin, tout ce que Dwid aime jouer et qui sera exprimé au besoin par les musiciens spécialisés dans tel ou tel genre qu'il recrutera par ci par là... enfin, là, "Those Who Fear Tomorrow" reste très métallique, très thrash mid tempo, mais gardant, malgré ce que peut dire l'auteur une aura hardcore de mosheur bourrin caractérisé, c'est impossible à rater ! Même si les influence hannemano-cheveuxlongs sont très importantes, même si de nombreuses intro vous feront siffloter du Celtic Frost ou du Slayer alors qu'on écoute bien Integrity. Une chose à ajouter, et non des moindres : la voix de Dwid Hellion. Cette espèce de Grand Gousier a une gorge qui ne cessera d'être phénoménale, grasse, gaillarde, vulgaire, comme si on entendait une sorte de satyre assoiffé de sang demander la petite sœur de manière trop insistante auprès du serveur, dans un bar rempli de flammes où mégissent tous en chœurs les âmes damnées, congelées, cuites et recuites, éparpillées façon rubikub. Vu que le Dwid pense que nous sommes des démons et que nous vivons déjà en enfer ou pire que nous sommes le virus le plus toxique que cette planète ait produite, finalement, Integrity serait aussi l'expression de la vie quotidienne sur la Terre, entre humains, une sorte de sociologie mystique, où les relations se résumeraient à de grandes mythologies où entités "bienfaisantes" ou "malfaisantes" se mettraient sur la tronche, tout en écoutant des samples de gourous apocalyptiques et du fracas de guitare de métal, des solos dégoulinant de glucose, des ballades, des hymnes. Premier véritable album longue durée, ce "Those Who Fear Tomorrow" restera donc une énorme pétarade d'entrée dans le monde des quasi-adultes pour notre héros, qui album après album ne cessera de nous étonner jusqu'à aujourd'hui, graphiquement ou musicalement.