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Lali Puna › Faking the Books

cd • 11 titres • 38:34 min

  • 1Faking the Books4:00
  • 2Call 1-8003:24
  • 3Micronomic3:23
  • 4Small Things3:40
  • 5B-Movie3:13
  • 6People I Know3:05
  • 7Grin and Bear4:41
  • 8Geography 52:27
  • 9Left Handed3:44
  • 10Alienation4:01
  • 11Crawling by Numbers2:52

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informations

Enregistré au studio Hansmusik et mixé à l'Uphon-Tonstudio par Mario Thaler.

line up

Christian Heiß, Christoph Brandner, Markus Acher, Valerie Trebeljahr

Musiciens additionnels : Max Punktezahl (guitare sur Left Handed), Osamu Nambu (violon sur Alienation), Sebastian Hess (violoncelle sur Crawling by Numbers)

chronique

Lali Puna, sur les photos, n'essayent pas de se rendre aimables. Rien de glam, des looks « normaux » – mais rien de « normcore », d'exagéré dans ce sens pour avoir l'air de sortir tout juste de derrière un comptoir de banque avant de s'installer derrière les synthés (et guitares, batterie, basse...). Jamais la moindre amorce de risette, face-objectif ? Peut-être bien un moyen de faire la nique à cette vieille collante injonction, pénible, là - « tu devrais sourire plus, tu es plus jolie comme ça ». À ceci, Lali Puna – Valerie Trebeljahr comme les autres membres du groupe – répondent par une fin de non-recevoir qui vaut tous les majeurs brandis, tentative d'éviter, déjouer les radars. Trafiquer les comptes, les registres – c'est ce que signifie le titre de l'album – pour pouvoir vivre à part autant que possible des fraudes plus vastes, plus générales, d'un Contrat Social (non-big-up à Jean-Jacques R...) frelaté, faussé dès le départ. En musique aussi, en musique surtout, j'entends.

Car au vrai, Lali Puna est un excellent groupe de pop, fabricants d'élégantes pièces électroniques, parfaitement équilibrées, joliment produites, séduisantes mais discrètement, sans le moindre soupçon de racolage, jamais. Seulement c'est une ruse. Pas un piège, attention – une façon plutôt de tourner leur proposition de telle manière qu'elle en soit une, vraiment, et pas du genre qu'on ne pourra pas refuser. Lali Puna, ça peut se refuser – on peut ne rien y entendre qui accroche, si on est venu pour la fête, l'apparat, ayant lu les fameux mots – pop, électro, mélodies... – sur la porte. Lali Puna, donc, ne sourient pas, ne montrent pas les dents. Ce n'est pas un façade – ou c'en est une, seulement, qui fait le tri, un abord au fond plus franc que le serait un plus pimpant accueil... C'est un refus de l’enjôlement, de la sympathie purement cosmétique – un rejet du « grin an bear » (« grimacer et supporter/encaisser », en gros), comme ils disent, comme elle chante, un peu partout de rigueur, même dans les milieux dits alternatifs, « indie », où à priori on n'aurait pas à jouer ce jeu-là... Lali Puna – malgré ce titre, donc – ne mentent pas mais parlent, plutôt, du mensonge. De l'attendu, des jeux de dupes – « comme dans une série B., tu sais toujours ce qui va venir, de la place pour un héros seulement […] Mais ne laissons pas Arnie être notre dernier espoir [Arnie... Schwarzenneger ? ... J'ai bien l’impression, oui] ». Comme chante encore Trebljahr, sur la même B. Movie, Lali Puna « le savent trop bien/connaissent tout ça par cœur » – les petits rituels, l'adhésion parce que « c'est de la culture pop » à des objets, des attitudes, des buts auxquels au fond on ne croit pas, qui ne nous disent trop rien. J'entends toujours, chez Lali Puna, sous la douceur à l’œuvre, dont fait montre partout le groupe (et particulièrement sur cet album) une position (plus qu'une posture) profondément anarchiste – parce que justement pas bruyamment « punk », pas attifée des haillons hype de rigueur. Encore une fois, ça ne paraîtra qu'à y prêter l'oreille – en saisissant ces textes parfois radicalement pessimistes ou plutôt lucides, analytiques ET sensibles sous leur aspect de trois fois rien (Crawling by Numbers... Ouch, alors que sans y prendre gare on pourrait trouver ça mignon). Assez vite, aussi, on se rend compte qu'en agissant ainsi – à flinguer d'emblée toute velléité d'auto-célébration, de communion pour la caméra – Lali Puna s'autorisent une marge d'action, un relief, des finesses qu'une approche davantage invitante, qu'une rébellion plus crânement affichée, lancée comme mot d'ordre, aurait tuée dans l’œuf. Parce que c'est ainsi – c'est ici, où rien ne gueule des slogans, rien ne s'affiche sur des t-shirts en mots d'ordre revendicatifs ou ironiques – que la crudité, la nudité brutale du propos, du constat, chez eux, peut survenir, toucher, s'affirmer. B Movie, vraiment, est magnifiquement anguleuse, sous ses airs de brume pulsée. Tous ce(s) gris, toute cette tristesse – cet abord vidé, évidé (« blank », comme un autre génération, avant ?) – sont la condition nécessaire pour que tout, ensuite, une fois franchie l'entrée, tout puisse se mettre à vivre, s'animer. Ce n'est qu'à partir de là que les choses normalement insignifiantes, affectées, répétées comme des mantras morts (you say... remember the small things...) peuvent à nouveau trouver leur sens, du sens, une portée. C'est une manière de vivre à part mais immergé, séparé autant qu'on le peut de la Grande Foutaise, admise, mais sans s'isoler de celles et ceux, de ce qu'on aime. En sous-marin, donc pourrait-on dire – jaune, comme l'arrière-fond de cette pochette en lettrages et lignes minimales, abstraits et fonctionnels ?

Résumons, allez, en relevant encore les titres, en opérant un raccourci du premier au dernier de ce disque. « Falsifier les registres » pour ne plus « ramper par/sous les chiffres » ? C'est une idée. Une idée difficile tout autant qu'évidente – beaucoup, au dehors, s'y oppose, fait obstacle. « L'Aliénation », disent iels encore... Est-il encore possible d'opérer en dehors – en visant peut-être en-dessous – de la culture, cette impasse partout admise ? De faire vraiment de la pop - « pop music », vous vous rappelez, l’étymologie ? – en évitant les étals de braderies, de foire, le « tout de suite de seconde main » ? En 2004, Lali Puna ne pouvaient, déjà, encore, répondre que par des questions, parfois bizarrement tournées sous la syntaxe apparemment facile. « Is the truth you see left celluloid ? »... Je ne suis même pas certain que la forme soit (grammaticalement) correcte. Je me dis parfois que c'est la transcription, sur le livret, qui est peut-être fautive – « is » à la place de « has » (les deux, en contraction, peuvent s'écrire et se dire « 's », et c'est bel et bien ce que je l'entends chanter...). Peu importe – ou tout importe. Ce n'est pas là, encore, qu'est le faux. Ce serait, à la place, prétendre qu'en 3'30'', plus ou moins, l'une ou l'autre star, artiste homologué pourrait vous apporter réponses ou solutions sans failles.

note       Publiée le samedi 9 septembre 2023

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