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Eliminator Jr. › Chándal

cd • 13 titres • 47:17 min

  • 1Bisonte1:43
  • 217% Tony2:34
  • 3Flowerskin3:47
  • 4Ex3:16
  • 5Megadrive2:09
  • 6Orgasmo3:25
  • 7Hipergen3:56
  • 8Starchrush2:29
  • 9Mute3:10
  • 10Baby Fuck2:01
  • 11Cutie2:08
  • 12Transmetal3:53
  • 13Brasonte*12:40

informations

Enregistré par Paco Martínez aux Estudios ODDS, Gijón, Asturies, Espagne.

Design : Covadonga De Silva, Pedro Vigil et Eliminator Jr. *Brasonte n'est présente que sur la version CD du disque.

line up

Francisco DeBorja (Borja) (basse, voix, maracas), Xabel Vegas (Javi) (batterie), Nacho Vegas (Nacho) (guitare, claquements de mains), Rafael Martínez Del Pozo (Rafa) (voix, guitare, claquements de mains, percussions, peinture)

chronique

C'est bancal, oui, ça sonne maigre. Rejeton des groupes américains de l'époque – Dino Jr., beaucoup (vous en doutiez, avec un nom pareil ?), Sonic Youth, pas mal (pareil... pour rappel, Eliminator Jr, c'est le titre du fabuleux morceau qui clôt la Trilogy finale de leur Daydream Nation de 1988, à ceux-là), quelques poignées d'autres sans aucun doute. Pavement ? Eh... Possible, ça – et Sebadoh, des trucs comme ça, sans doute, déjà mal foutus, bizarres, cabossés, gens qui n'avaient jamais cherché, eux, à faire grossir leurs mécaniques grippées (plutôt à les gripper autrement, à faire s'écailler selon d'autres motifs, chaque fois, la peinture...). En fait, c'est ça, oui : on dirait ceux-ci (Jeunesse Sonique, Dino Fils de) joués avec la désinvolture de ceux-là (Pavement, Sebadoh...), leur patente indifférence envers toute notion de « produit bien fini », de compétences obligatoires et validées, de production parfaitement pro.... Depuis Gijón – en Asturies, sur la côte nord de l'Espagne – Eliminator Jr. prennent ces musiques-ci à la brute, à cru, les enregistrent avec des moyens techniques manifestement moindres que ceux dont disposaient leurs modèles (on se souviendra que cette année-là fut celle pour Dinosaur Jr. – ou de Jay Mascis presque seul, sous ce nom, plutôt – de Without a Sound ; et pour Sonic Youth, d'Experimental Jet Set, Trash and No Star ; deux disques certes de retour aux bases, en quelques sorte, pour ces groupes, voire de repli ; mais deux disques produits proprement, aussi, loin du son cambouis des débuts).

J'avoue pour ma part, en passant, n'avoir pas du tout entendu parler de ces types à l'époque – ni de ce mouvement Xixon Sound dont apparemment ils étaient l'une des figures les plus saillantes, là-bas. Bon... Il faut dire que des scènes indé, alternatives (…) espagnoles, en ces temps, il ne nous arrivait guère d'échos, ici – en tout cas de mémoire (la mienne, encore une fois). Voilà donc que je ne découvre que maintenant ce disque – longtemps après ces années où ce genre de substances me passait quotidiennement, massivement par les oreilles, où c'était mon ordinaire. J'en apprécie sans aucun doute autrement le côté direct, aujourd'hui – sans que ces treize pistes fassent continuum avec tout le reste, ou contraste, l'impression de familiarité forcément autre, suscitée autrement que si c'était l'un de ces, de mes « habitués ». J'entends bien que le jeu de guitare des dénommés Rafa et Nacho s'inspire fortement de celui de Jay Mascis. J'entends tout aussi bien à quel point ledit jeu, ici, est moins précis, moins subtil, qu'aucun de ces types n'est le guitar-hero – même « alternatif », même bruitiste – en quoi l'autre s'était alors transformé (ou qu'il avait finalement laissé paraître sous les couches d'étoffes sales de son groupe...). J'entends bien aussi des échos d'autres choses tout autant d'époque – tel ou tel passage qui rappelle les débuts de Mercury Rev, leur période dépenaillée, purement et naïvement perchée, pop décalquée (celle de Yerself Is Team, Boces, pas au-delà... Après ça devient autre chose – comme Dino Jr. devient autre chose après Bug, comme Sonic Youth devient autre chose à partir de... Daydream Nation, justement ?). Ça m'a fait étrange, au début – comme de découvrir une copie rogue de ces choses que j'aimais, que j'aime, que j'avais tant écoutées. Une version presque démo exhumée d'ailleurs, d'un espace-temps parallèle – alors que tout simplement ça m'arrivait plus tard. J'ai dû m'y faire – mais tout de suite avec plaisir. Au bout de deux ou trois écoutes, j'ai eu simplement l'impression de me faire un nouveau pote – de rencontrer quelqu'un qui avait grandi ailleurs mais au même moment à peu près, avec des repères communs, les mêmes gens lui ayant montré d'autres possibilités, comme à moi, celle d'aimer des sons, des manières de faire, des couleurs insoupçonnables (ou méprisées) pour les générations d'avant, nos aînés directs. Au-delà de ça, celle d'appréhender le monde autrement, la musique, la parole, sans qu'une culture morte ou rapportée l'enserre, le commente à ma, à « nos » places. Bien-sûr, c'était pourtant une autre voix « rapportée », au départ, reprise, donc – américaine, en l'espèce. Eliminator Jr. – comme nombre de groupes d'ici par exemple, de ces années-là, et dans des styles plus ou moins proches – chantent en anglais plutôt qu'en leur idiome natal. (Sauf peut-être sur 17% – où le chant ressemble à une espèce de simili-français dont je n'arrive pas à cerner le moindre mot ?!). Mais comme celle de ces groupes – nos « concitoyens » - la musique d'Eliminator Jr. sonne pour autant comme leur langue propre, leur version d'une histoire voisine, proche, de proximité... Les outils choisis sont les mêmes mais ça ne pouvait pas sonner exactement pareil – Gijón n'étant pas New York ou Boston, ni Paris, ni Lyon, ni Reykjavik ou Angers. L'accent n'est pas le même – l'accentuation. Et ce n'est plus, à ce stade de l'histoire des musiques qui naviguent et se saisissent depuis un point du globe et se continuent, une sorte d'accent yéyé – une question de copie traduite à la va-vite pour un segment de marché. Ça sonne moins, ça ne sonne pas... Fabriqué ?

C'est bricolé, toujours – oui, comme ne l'étaient plus, une fois de plus, les disques des groupes qui avaient influencés les jeunes gars ci-présents. Ça reste particulièrement frais, entendu d'ici, de maintenant – non pas qu'on s'attendrisse sur l'imperfection de la chose comme d'une « touchante maladresse », décidément, mais parce que justement, l'idée n'est surtout pas de dupliquer parfaitement un modèle, pas plus que de nier les influences ou les limites, même, de ceux qui jouent... Tout semble pleinement assumé – et le disque ne sonne pas comme un pâle à-côté, pas plus que comme un quelconque « jalon » (et qui écoute des « jalons »... ? Pas moi, en tout cas – la musique n'est pas pour moi une question de collection, de cartels dans un musée...). Bon, il y a bien Brasonte, à la fin (de l'édition CD, uniquement) – longue jam de larsen qui ne va nulle-part ou à peu près. Je la prends comme une espèce de coda – qui dit « à la prochaine » sans avoir besoin d'en faire trop, qui dit qu'il n'y a pas besoin d'en faire trop et que feedbacks et accordages spéciaux ou pas, pas la peine de se prendre pour d'autres – des plus « grands » ou que sais-je. De « prochaine fois » il n'y aura guère, ceci-dit, dans la discographie, l'histoire du groupe. Un single/EP de plus (Goma, en 1996). Certains membres du groupe en formeront d'autres, qui semble-t-il n'allaient pas durer non-plus, même encore moins (Manta Ray, La Jr. – oui – ou Sheriff...). Postérité ou pas, ce disque s'écoute aujourd'hui facilement – et même légalement, sur le bandcamp « back catalog » du label Elefant.... C'est toujours plus pratique que de se trouver un magnéto 4 pistes pour se la jouer puriste et faire croire qu'on y était.

Bon
      
Publiée le lundi 4 septembre 2023

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J'y reviens, après une pause - je l'ai beaucoup écouté quand j'ai découvert à peu près par hasard le truc, genre quotidiennement au moins, faut dire... Bon ! Le son est parfois bien à l'arrache voire à la masse, la voix vraiment à-la-va-comme-je-me-pousse-pas. Et je trouve toujours une fraîcheur charmante au truc (sans nuance condescendante - plutôt au sens où ces choix de ne pas polir ou re-travailler des choses qui auraient pu être refaites donnent un bon rendu brut au truc, sans pour autant l'impression que les gars jouent la pose branleurs ou sauvageons).

Message édité le 15-11-2023 à 18:59 par dioneo

Note donnée au disque :