‘Oulah, c'est bon ça, encore un de tes trucs inconnus de la première vague goth britannique du début des 80’s; pas à dire, ils avaient un feeling unique…’. ‘En fait, ça vient de sortir…’. En même temps, comment donner tort au premier protagoniste ? Senex IV, formation récente, est composée de vieux de la vieille comme je l’ai expliqué dans la chronique de leur premier opus et pas à dire, les mecs damnent largement le pion à nombre de formations ‘gothiques’ jeunettes. Leur troisième disque se place dans la continuité des précédents, pas de raison de modifier une formule gagnante. L’image de carrousel macabre sied parfaitement la description, Senex IV sont des observateurs de l’absurdité de la condition humaine que leurs regards de bientôt sexagénaires ont largement eu le temps de contempler. On retrouve la fougue tribale de leurs premières formations (13th Chime, The Vanishing Point…) avec des guitares acérées, une rythmique guerrière n’hésitant pas à reprendre un plan rock’n’roll par-ci par-là pour le passer au spray noir et ce chant qui semble ne jamais vieillir tant il véhicule en son timbre une forme d’ironie désabusée dont il joue comme avec une marionnette. La formule est familière mais l’album inclut suffisamment de brûlots (‘Carrousel’, ‘Vampyre d’amour’, ‘Feel my pain’…) pour balayer toute idée de lassitude. Il oscille en vagues, montées de batterie, descentes, comme un manège un peu déglingué provoquant un léger sentiment de vertige, son obscurité est dense et opaque, shootée à l’ironie mordante et c’est jouissif. Difficile d’imaginer que Dave Middle soit bientôt sexagénaire, son chant hanté est si convaincu et convainquant… Il y a des gens, c’est comme ça, qui ont basculé dans le goth rock non pour suivre un effet de mode mais parce qu’ils ont été piqués par un frelon obscur dont le venin ne peut être purgé. Tant mieux. Senex mais certainement pas séniles. 4,5/6