Hollywood Vampires › Live in Rio

En 2023, Hollywood Vampires réussit à accorder les emplois du temps de ses membres pour partir dans une grande tournée européenne à l'arrivée de l'été. Au même moment, ils sortent un album live tout beau tout neuf au format CD + vidéo. Sur le papier, tout est bien réglé pour une efficacité commerciale optimale. Le groupe a deux albums à son actif dont un est composé à 90% de reprises, on se dit qu'il y aura matière à proposer un bon concert avec du bon rock et des reprises de standards des années 60 et 70. Et en fait, en regardant plus en détails, on voit qu'il s'agit d'un concert lors du festival Rock in Rio en septembre 2015, quelques jours après la sortie de leur tout premier album et que le groupe n'est pas encore bien rôdé (il s'agit seulement de leur troisième concert ensemble !). Et au programme, à part le premier morceau, il ne s'agit que de reprises dont la grande majorité se retrouvent dans ledit premier album éponyme. Soit. Après tout, pourquoi pas, l'album n'est pas non plus mauvais, et on a un groupe de prestige car en plus du noyau dur représenté par Alice Cooper, Joe Perry, Johnny Depp et Tommy Henriksen, on retrouve Duff McKagan et Matt Sorum, des ex-Guns N'Roses (...et futur, pour Duff !). Oui, mais voilà, il faut savoir que l'objet est quand même vendu comme un album live CD+Blu-Ray classique, c'est-à-dire une vingtaine d'euros, et quand on met le Blu-Ray dans le lecteur, on se rend compte que le concert dure simplement une cinquantaine de minutes et qu'il n'y a aucun bonus. Dans le même temps, Alice Cooper sort ses albums studio au même prix avec pour "Detroit stories" et "Road", qui sort en ce mois d'août 2023, chacun en bonus un Blu-Ray d'un concert complet, plus long et sans supplément de prix (ou à la rigueur 2 ou 3 euros). C'est vraiment là que je trouve cette sortie abusée ! Il s'agit d'une performance de 55 minutes tout compris, captée par le festival, packagée et vendue comme un concert complet d'une heure et demie. Clairement, vu le format, j'aurais préféré que ce live sorte en bonus de leur futur prochain album, ou alors qu'ils l'aient mis en bonus de "Rise", sorti près de 4 ans après le concert. Après, musicalement, que dire ? Il s'agit clairement d'un show promotionnel qui présente leur premier album éponyme. "Raise the dead" est un titre dans le style classique d'Alice Cooper, vraiment bien, entraînant et totalement approprié pour débuter le show. Pour le reste, on a un cover band de grande classe tout simplement. On sent bien qu'il s'agit d'un rassemblement de potes avec trois guitaristes, puis même quatre sur la deuxième partie du show, alors qu'un ou deux auraient suffit pour jouer ces standards du rock. Alice Cooper est impeccable dans son registre. Il n'a jamais été le plus grand des chanteurs de rock mais il est un excellent showman. Il s'adapte particulièrement bien aux registres les plus éloignées de son répertoire comme par exemple sur le "Manic depression" de Jimi Hendrix. Quand débarque "Whole lotta love" avec son intro à l'harmonica, j'ai eu un peu d'appréhension parce que là, le gap entre lui et Robert Plant est quand même assez important, il faut le reconnaître. Et c'est là qu'arrive la première invitée de la soirée, Lzzy Hale, guitariste/chanteuse de Halestorm, et il faut bien reconnaître que ce choix est particulièrement judicieux pour ce titre ! La demoiselle donne une super performance sur ce morceau qui passe super bien. Joe Perry est aussi très solide avec de très bon soli bien groovy et bluesy. Johnny Depp est un peu en retrait, pas encore super à l'aise dans son rôle de rock star ! Derrière, la section rythmique de Guns N' Roses assure ce qu'il faut ! Pour la reprise des Who, "I'm a boy", Matt Sorum laisse sa place derrière les fûts à Zak Starkey, l'actuel batteur des Who et accessoirement fils de Ringo Starr des Beatles ! Il retrouvera sa place juste après mais Zak terminera le concert avec un deuxième kit de batterie installé sur le côté de la scène là où Bruce Witkin s'occupait des percussions et du claviers ! Bruce laisse sa place à Zak et change d'instrument pour passer à la guitare ! Et niveau invité, ce n'est pas fini car pour "School's out", un cinquième guitariste s'incruste, et pas n'importe lequel, le régional de l'étape, Andreas Kisser de Sepultura ! Hollywood Vampires est plus que jamais un rassemblement de musiciens pour passer de bons moments entre potes à jouer des gros standards du rock ! Le concert se termine avec des reprises non incluses sur des albums du groupe, que ce soit le "Billion dollar babies" du maître de cérémonie, le standard des années 50 de Tiny Bradshow "Train kept a-rollin'" ou le "Brown sugar" des Stones. Au final, on ne peut pas dire que ce soit mauvais, au contraire, on passe un bon moment, c'est toujours cool de voir ce genre de show dans un tel festival. C'est juste dommage que ce concert sorte huit ans plus tard alors que le groupe était encore en rodage, surtout en comparant avec les performances beaucoup plus convaincantes de ces derniers mois et avec un temps de jeu plus important. Franchement, j'aurais vraiment préféré avoir un témoignage live de l'un des leurs concerts de leur dernière tournée plutôt que ce concert de 2015. Ce "Live in Rio" reste sympa mais quand même un peu trop léger, surtout pour le prix...