Ennio Morricone › A fistful of dollars / Pour une poignée de dollars

Là, je m'attaque à un gros morceau... La collaboration entre deux monstres sacrés italiens, Sergio Leone, le réalisateur, et Ennio Morricone, le compositeur. En version française, "Pour une poignée de dollars" représente le premier succès de Sergio Leone au cinéma et permet à Ennio Morricone de se faire connaître (et accessoirement aussi à l'acteur Clint Eastwood !). Ce sera le début d'une carrière de compositeur de musiques de films époustouflante. Ce film, le premier d'une trilogie légendaire, donne ses lettres de noblesse à un genre entier, le western spaghetti, c'est-à-dire le western à l'italienne ! L'une des forces du film, et aussi et surtout de cette collaboration, c'est cette relation indissociable entre les images et la musique, cette dernière jouant un rôle prépondérant dans la réussite du film. Et dès ce premier essai, on ne peut que remarquer l'aspect incroyablement visuel que possède cette BO. Ennio Morricone utilise toute une palette de sons pour illustrer ces querelles de l'ouest américain où très peu réussissent à vieillir... Le compositeur joue énormément sur les contrastes et la lenteur pour mieux magnifier les parties souvent furtives, ou en tout cas souvent courtes, ou le rythme s'emballe. Et au-delà même de ces contrastes, ce qui donne toute sa force à son œuvre, c'est dans les tensions créées grâce à un jeu d'une justesse ahurissante et des évolutions régulières des thèmes proposées de manière absolument irrésistible avec une facilité d'écoute déconcertante. Ennio Morricone réussit à mettre en musique à la perfection le monde des westerns avec des thèmes de guitares classiques lorgnant sur la country ou bien avec l'utilisation du sifflement et de trompettes qui percent littéralement le ciel bleu azur du désert américain, sous un soleil de plomb. A ce sujet, ces trompettes sont ici absolument magistrales, d'une beauté à faire damner un saint ! La suite finale de cette BO reprend les différents thèmes du film, enchaînés, qui montrent en moins d'un quart d'heure toute la richesse mélodique de cette première BO. Grâce à l'Homme Sans Nom, Ennio Morricone rentre de plain-pied dans le monde des compositeurs de bandes originales de films de légendes. Fabuleux !