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Haruomi Hosono › Philharmony
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Haruomi Hosono (chant, synthétiseurs, sampler, boite à rythme, programmations), Hideki Matsutake (programmation), Yukihiro Takahashi, Koji Ueno, Hajime Tachibana, Films
chronique
A peine quatre ans ont passé. Entre temps, la déferlante Yellow Magic Orchestra. Alors que les trois garçons dans le vent électronique mettent la machine infernale sur courte pause, Hosono semble reprendre là où il s’était interrompu : de la plus étrange des façons, l’héritage techno-pop de YMO en plus. Ces voix pitchées, déformées puis harmonisées sur des accords de claviers de plus en plus synthétiques qui se croisent et s’entrecroisent, mais où est encore parti Haruomi Hosono ? Loin, très loin dans la musique du futur il semble bien. Quoique. Cette techno-pop à beats profondément imprimés se pare soudain de traits d’opérette robotisée, oui, c’est bien ce classique napolitain de la fin du 19eme que Hosono analogise : « Funiculì funiculà » transposé en machinique oscillant entre grandiose et comique. C’est que Hosono s’est définitivement fondu dans l’électronique, sans avoir complètement abandonné les lubies exotica du vieux Harry. Mais cette fois, le son hypnotique de gamelans programmés traverse des nuages d’inquiétantes nappes Blade-Runneresques, où des voix grotesques et inhumaines répètent « soooo sweet » de façon peu rassurante, constituant un paysage parfaitement alien. Des mélodies traditionnelles japonaises sont plongées dans les limbes d’un futur incertain où tout semble recréé par ordinateur, électro-folk dans la matrice. Hosono découpe du sample de gongs et de chants mystiques et réassemble le tout façon musique concrète, bruits de souffle et voix de synthèse vocale soudés au laser jusqu’à prendre une façon d’étrange mélodie chaloupée.
YMO paraitrait presque déjà loin si Hosono ne distillait pas aussi quelques titres dans la lignée directe du génial « Technodelic », cette techno-pop hyper percussive au groove raidi (pas étonnant de retrouver Takahashi et Matsutake comme des ghosts dans la machine). Mais ce ne sont que quelques morceaux qui viennent comme des respirations dans ce bouillon d’expérimentations, l’apex pop de l’album arrivant sur la fin avec le génial « Sports Men » et son gimmick de synthé fluté entêtant et son refrain impeccable (préfigurant l’album de YMO à venir, celui des pop-stars définitives), Hosono s’accaparant un des thèmes bien dans l’air du temps de ces eighties de la win, avec son habituel sens du décalage pince-sans-rire. Bien vite, Hosono revient à des affaires beaucoup plus insaisissables comme l’hallucinant morceau-titre tout en harmonies vocales synthétiques (qui rétrospectivement fait irrésistiblement penser à la chorale des tourelles dans Portal 2, des décennies plus tard). Du baroque analogique suscitant une impression d’émerveillement autant que de malaise devant ce chant des machines, malaise non dissipé par le morceau ambient qui suit et vient conclure l’album. Là encore cette vague impression de toute une civilisation classique qui aurait été digérée par la technologie et rejetée dans l’espace, avec ces sonorités tremblotantes et ces cliquetis un peu menaçants, comme un compte à rebours, alors que de grandes aurores boréales sonores se déploieraient, le tout nommé « Air-Condition » bien sûr, puisque même l’air qu’on respire sera bientôt factice, pulsé. Les rêveries des seventies en ont pris un sacré coup à travers la gueule, malgré (ou peut-être à cause de) l’explosion économique des eighties. "No future" scandaient les punks ? Erreur, il y a bien un futur qui se présente, et c’est encore pire.
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- le_grisha › Envoyez un message privé àle_grisha
Acheté dans sa version vinyle original il y'a quelques années de ça, c'est toujours un plaisir de lui faire faire quelques tours sur le tourne skeud. J'ai toujours imaginé cet album comme le pendant musical du jeu LSD sur PS1 (le jeu qui simule des rêves), on ne sait pas trop si en phase de sommeil paradoxale ou on est a demi conscient avant de s'endormir.
- Note donnée au disque :
- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Nope, c'est mon correcteur auto qui a un sens de l'humour non-spéciste ! (Mais pas mal ouais pour le coup, la Lune Gruick Gruick, eh eh).
- nicola › Envoyez un message privé ànicola
Il n’osait pas dire « Cajun Moon », c’est pour ça.
- dariev stands › Envoyez un message privé àdariev stands
"Cochon Moon" , hahaha... Naaan pas un remake erotico-bollywood-bling par Sebastien Tellier, naaaaaaaaaan
- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Allez, quand je reviens du (Encore Un Peu Plus) Grand Est, je me mets VRAIMENT à sa disco, lui... Cochon Moon écouté après lecture de ta chro m'avait bien emmené dans son ailleurs et celle-là me donne particulièrement envie d'insister alors bon, on va pas se priver.