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Fumata › Días Aciagos
- 2022 • Autoproduction (pas de cote) • 1 CD
cd • 6 titres • 35:56 min
- 1Orgullo Y Egoísmo8:21
- 2Accompañame Cuando Muero5:42
- 3Anhelo5:16
- 4Seremos Olvidados5:16
- 5No Engendro4:15
- 6Días Aciagos4:05
informations
Enregistré, mixé et masterisé du 4 au 7 novembre 2021 au Testa Estudio, Leon, Guanajuato, Mexique.
line up
Javier Alejandre (guitare), Mico Cardoso (batterie), Maximo Mateo (voix), Juan Tamayo (basse)
chronique
Curieuse, cette intro d'orgue – flottante, comme hésitante, le son lointain, la mélodie filante, sans fin. On dirait l'une des pièces improvisées en transe, absence, en état de hantise par Mary Henry (Candace Hilligloss) dans le Carnival of Souls de Herk Harvey (1962), ce drôle de film, coup unique (dans tous les sens du terme) de son réalisateur... Puis au bout d'une minute pile, la batterie amorce sa pompe et la gratte dégringole son premier riff étiré.
Qu'on se rassure (ou pas) : Fumata n'ont pas changé, depuis La Perfección de la Muerte, leur premier, cinq ans plus tôt. Les Mexicains arpentent toujours la Dark Side of the Weed, barbes et chevelures aux vents mauvais, nuages de suie en tête, malédictions ordinaires, monologues ou dialogues sans vis-à-vis aux lèvres (parce que qu'est-ce que ça change, au fond, soi ou « l'autre » ?). Ambiance DOOM. Ça cause toujours – encore en castillan – deuils et dégoûts qui n'en finissent pas de ne pas se digérer, de se régurgiter, installés, instillés en « process », lignes de vie, seule éthique. Thèmes DOOM : Orgueil et Égoïsme, on nous oubliera quand on sera morts, viens-avec-moi-quand-j'y-passerai, et ne pas engendrer – ça suffit les conneries, notre espèce, là, assez de dégât. On en finit. Riante compagnie, on vous dit.
Et la musique, bien sûr, elle aussi : DOOM ? Eh ! Indéniablement. Fumata, cependant – sans rien lâcher donc de leur obstination à enfoncer, à clamer cette pratique du non-espoir, ce nihilisme de constatation comme seule attitude mentale (morale ?) viable – ont étendus leurs moyens, approfondi encore la perspective. Les accélérations, ruptures de tempo, accès vaguement black ou carrément thrash de la rythmique, qui sur le premier album paraissaient de simples états transitoires, s'articulent autrement, ici – prennent le temps, la place d'ériger ou creuser, murs, fosses, abysses, couloirs. Le jeu de la batterie – depuis toujours très dense, plein de subtilités sous la première impression qu'un flot de cymbales pulvérisées nous déferle sans prévenir sur la carcasse – imprime, imprègne autant que les riffs, tient et balance à pleines mains cette atmosphère viciée, opaque. Autant que les riffs, elle dessine et sculpte, sécrète les volutes et autres accidents du sol, casse les rifts et fait bouillonner la lave dans les failles, nous plonge dans ce paysage d'enfers dont elle est reliefs et horizons. La voix de Maximo Mateo, aussi, en sait plus qu'avant – ne s'en tient plus au hurlement rauque, et quand elle s'y tient, nous plonge plus bas, nous jette plus haut au-dessus du désastre. Elle sait se faire bizarre coassement (sorcier foncedé ?) sur Anhelo, varier les registres – mixée, qui plus est, plus ou moins en avant, en retrait, noyée à la limite (juste) de l'entendement ou soudain bien plus frontale, comme si le type avait surgi devant nous pour nous déblatérer yeux dans les yeux son soliloque. Les breaks « jazzy », aussi, sont encore plus réussis, travaillés, détaillés, escapades en dérives qui font redouter – bien plus que douter – l'inéluctable retour dans le dur (ou le mol effondrement), la prochaine pluie de hallebardes ou le trébuchement dans le puits de mélasse suivant. C'est affreux et c'est beau – magnifique, même, superbe, défait et glorieux. C'est l'embrasement noir en pleine ataraxie. Et pourtant...
Et pourtant ce n'est rien – pas grand-chose, toujours. C'est une forme presque « casuelle », écoutée comme ça, sans prêter attention. Ça n'a jamais l'air de prétendre nous révéler quoi que ce soit, de se poser en prophètie. C'est en ça, d'ailleurs, aussi, que ce groupe, à mon sens, est vraiment doom. Parce que la connaissance du désastre, l'intuition que l'abdication est la condition première – se retirer du merdier pour commencer à savoir où on en est, où on est. Après ? Eh bien après on en fera ce qu'on voudra, ce qu'on pourra. Qu'on adhère ou pas – à leur programme ou non-programme – on ne pourra pas nier qu'ils s'y chevillent, qu'ils le façonnent avec une maîtrise, désormais, un sens aussi de ce que veut dire « développer son propos », s'interdisent tout effet à l'épate, tout ça empêchant leur musique de tomber dans la routine, l'exercice de style, de genre pour le genre. Lourdeur, lenteur, inflexions connues ou pas – DOOM, j'arrête de radoter, on m'aura, on l'aura compris – Fumata ne sonnent pas comme quatre types qui auraient revêtu les défroques d'autres types, qui joueraient les rôles d'autres types dans un film qui raconterait l'histoire d'autres encore... Tout simplement, ils s'habillent pareil – ce n'est pas un uniforme, un costume, c'est comme ça, c'est tout. Et puis aussi : c'est qu'au bout du compte, la tête dans le guidon ou la relevant le temps de voir, toutes les histoires, allez, ne finissent-elles pas par se répéter, se recommencer sans fin d'une génération sur l'autre, identiques ? Alors : autant pousser pour voir comment ça va s' achever...
Encore une fois, on en pensera ce qu'on veut, on répondra comme on l'entend – que oui, que non, qu'on s'en fout/que ce n'est pas la question. Pour ma part, ici, j'écrase mon spliff mental – imaginaire, je ne tourne, là, qu'à l'eau claire, avec dans les poumons l'air filtré par le vert du jardin à deux pas, et aucun autre vert. Je garde au chaud – ou dans la chaux, ou dans la glace... – ce disque pour une prochaine fois, parce que j'aime, je vais aimer encore, je pense, y revenir de temps à autres. Pour l'heure, j'ai retrouvé le bouton « couleur ». Je bascule donc ailleurs – dans des contrées, dehors, où l'on foule autrement un sol moins minéral.
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