And Also The Trees › The Evening of the 24th

La nuit du 24 octobre 1986, And also the trees donnent un concert à la mythique Dolce Vita, à Lausanne, Suisse (un pays avec lequel ils tisseront des liens étroits, Simon y résidant même depuis de nombreuses années). Ils n’ont alors que deux albums à leur actif et sont embarqués dans une de leur premières tournées européennes découvrant à leur grande surprise qu’ils ont un public hors-Grande-Bretagne. A cette époque, le combo incarne mieux que quiconque le romantisme anglais dans ce qu’il a de plus sombre et torturé, les performances sont intenses, tendues, Simon frise la transe derrière son micro. Qui a eu l’excellente idée de cette capture live ? Le site des Anglais parle simplement de l’enregistrement d’une ‘prestations particulièrement intense’. Paru en 1987 sur le défunt label helvète Reflex Records, ce live n’avait bénéficié que d'une seule version cd moins complète et devenue hors de prix, en 1991; c’est désormais réparé dans une belle version remasterisée incluant quatre titres bonus, des photos inédites et des notes rédigées par Simon Huw Jones. Comment pourrais-je demeurer objectif avec cette période qui est ma favorite de leur carrière ? D’autant que ce livre propose les ingrédients qu’on en attend: le son est excellent, la prestation est reproduite presque complètement (manque un morceau disponible, lui, sur l'édition de 1991) avec applaudissements du public et commentaires du chanteur et niveau atmosphère, effectivement, ça envoie du lourd. Le jeu est impeccable de précision, tendu, glauque, avec un Simon complètement possédé par moment (‘Impulse of a man’, ‘Virus meadow’, ‘So this is silence’), la playlist marque un sans-faute, les spectateur(trice)s découvrant même en avant-première la chanson ‘Shantell’ qui figurera sur le brillant ‘Millpond years’ un an plus tard (c’est alors que votre serviteur découvrira le combo de visu, sèchera même les cours de fin de matinée avec un pote pour aller se faire dédicacer sa besace couverte de badges et d’épingles à nourrice ainsi que l’affiche du concert par les musiciens invités chez le disquaire local. Lequel concert, le soir même, sera absolument épique avec une version de ‘Count Jeffrey’ à glacer le sang). Que dire de plus ? Les titres parlent pour eux-mêmes dans leur puissance intrinsèque, avec une rythmique habile à créer la tension dans son jeu retenu sur laquelles la guitare déballe ses arpèges comme des ondées fraiches. La prestation s’achève dans un ‘So this is silence’ sauvage et sans concession. Nous étions ‘slightly out of control but on the rise’, précise Simon dans les notes. Absolument et on adore.