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Haruomi Hosono › Paraiso
vinyl33t • 9 titres • 34:38 min
- 1Tokyo Rush3:31
- 2Shimen dôka4:44
- 3Japanese Rhumba3:34 [reprise de Jerry F. Miller]
- 4Asatoya Yunta2:15 [traditionnel]
- 5Fujiyama Mama2:50 [reprise de Wanda Jackson]
- 6Femme fatale ~Enchantress~5:00
- 7Shanbara Tsûshin3:36
- 8Worry Beads4:28
- 9Paraiso4:35
informations
Crédité à Harry Hosono and The Yellow Magic Band.
line up
Haruomi Hosono (chant, basse, steel drums, piano électrique, percussions, marimba, synthétiseurs, gong, sifflet, guitare électrique), Ryuichi Sakamoto (synthétiseur, piano, Rhodes 1, 6, 9), Yukihiro Takahashi (batterie 6), Hiroshi Sato (piano, Rhodes, synthétiseurs), Tatsuo Hayashi (batterie), Nobu Saito (percussions), Taeko Ohnuki (choeurs), Shigeru Suzuki (guitare électrique 2, 4), Tib Kamayasu (chant 3), Kawada Tomoko (chant 3, 4), Monsieur Kamayasu (choeurs 3), Motoya Hamaguchi (percussions), Hirofumi Totukake (guitare électrique 6), Masahiro Takekawa (violon 8)
chronique
Pas envie d’une petite plage paradisiaque là ? Surtout quand on est coincé dans cette île de béton et de lumière qu’est la grande ville, on rêve d’une jetée d’où plonger vers un bateau lointain. Les destinations de la compagnie de Hosono sont toujours aussi imaginaires, et un peu plus synthétiques avec le temps. C’est ce qui ajoute à son exotica cet aspect un peu futuriste, d’autant moins authentique dans un genre qui ne l’est jamais. Quelque chose d’un peu lustré au-delà des réflexions du soleil sur les steel drums de « Shimen dôka », une approche plus technologique. C’est moins le clin d’oeil à la Tin Pan Alley que les prémices d’un Yellow Magic quelque chose qui s’inscrit bien dans son époque, qui file à toute vitesse de shinkansen vers une expansion électronique maintenant imminente. Mais pas si vite, Hosono est toujours ce kiffeur tranquillou qui vient tordre les repères de l’appropriation culturelle occidentale, cette fois en reprenant une « Japanese Rumba », typique morceau orientaliste de GI’s composé par et pour les troupes américaines stationnées dans l’archipel après la victoire (ou la défaite, selon le point de vu d’où on se place). Elle est interprétée comme à l’époque par un musicien nippo-américain, ici le jazzman Tib Kamayasu qui apporte son timbre désuet et chaleureux à cette revisite dénuée de tout cynisme, mais à l’instrumentation totalement futuriste, créant un double clash (contextuel et formel) aussi charmant qu’improbable. Dans le même esprit, Hosono retravaille « Fujiyama Mama », dont les paroles pour le moins douteuses (la libération de l’énergie sexuelle d’une femme japonaise comparée à une éruption du Mont Fuji… et à l’explosion des bombes atomiques, tout ça composé par un des auteurs de « Great Balls of Fire » !) n’ont pas empêchées la version de Wanda Jackson d’être n°1 au Japon en 1958. Hosono pousse les curseurs du morceaux à la limite du grotesque (les voix 100% pastiche), tout en mettant en valeur son incroyable efficacité en s’appuyant sur des arrangements percussifs.
Et entre ces deux reprises quasi-conceptuelles en terme de discours sur les relations historiques entre Japon et Etats-Unis, il colle une autre réinterprétation, mais cette fois d’une authentique chanson de festival de la région d’Okinawa, de la musique nanto pour être précis, comme elle aurait pu être perçue par des occidentaux. Tout s’enchaine dans un seul continuum d’exotica tordue et un peu rigolarde, sans échelle de valeur, les points de vue Occident-Orient-Occident-Orient enchâssés les uns dans les autres comme des poupées russes. « Paraiso », le paradis, est toujours illusoire, mais Hosono, lui, a tout pouvoir de le créer en collant sons et images (au passage l’artwork aussi bien recto que verso est une merveille), développant son imaginaire grâce aux sonorités que lui offre les synthétiseurs, amenant sa post-exotica ici à la limite de la City Pop émergente, le groove entêtant à la sensualité urbaine de « Femme Fatale » , là recréant une version miniature de gamelan sur fond de boite à rythme, ce « Shanbara tsūshin » complètement magique où Hosono se fait homme-orchestre. Comme si les perspectives de la musique de Haruomi Hosono ne cessaient de s’ouvrir encore et encore, chaloupements reggae, échos country-rock, toujours à la juste distance, parfaitement dosés pour créer ce filtre d'enchanteur, sans oublier le talent de mélodiste du chanteur-bassiste, évident comme jamais sur le doucement mélancolique titre final (« Paraiso » est un de ces albums où chaque morceau qui passe devient le nouveau favori). Dans la grande ville, Hosono submergé d’un coup par des vagues de synthés oscillants comme des faisceaux de lumière aveuglante avant de dire good-bye, disparaissant petit à petit du cadre en esquissant quelques pas de claquettes.
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- Alfred le Pingouin › Envoyez un message privé àAlfred le Pingouin
Fait chaud non ?
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- Hypnotik › Envoyez un message privé àHypnotik
C'est magique :)
- Coltranophile › Envoyez un message privé àColtranophile
C’est fou comme il arrive à rendre élégants les néons fluorescents. C’est tout de même moins extrême et prenant que « Cochin Moon» mais ce dandysme futuro-nostalgique est d’une beauté au-delà de toute notion de goût.
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- (N°6) › Envoyez un message privé à(N°6)
Y a des connaisseurs !
Oui, quelle année 78 pour Hosono : Paraiso, Cochin Moon, la reprise électronique de Cosmic Surfin' sur l'album collaboratif Pacific et le premier YMO, ni plus ni moins. Année charnière pour la pop japonaise, basculement vers le futurisme eighties de la City pop, bientôt de la Techno Kayô, et ce brave ex-hippie partout dans la coulisse à produire, jouer, lancer des labels, tout en devenant en quelques années une pop-star dont les morceaux seront joué par des DJ de Detroit...
- dariev stands › Envoyez un message privé àdariev stands
Homme de l'année 78 ! L'enchainement de ce disque avec Cochin Moon reste à mon avis le meilleur virage en épingle à cheveu jamais fait dans une carrière "mainstream" (mainstream au japon, s'entend). Et pfiouh, le son, la prod, mamma mia... C'est du Steely Dan mais avec de gros icebergs vanillés d'humour Dada qui flottent dans le cocktail ("Fujiyama Mama" et certains accents de voix, c'est quasiment du Tom Zé). Bravo pour l'image des poupées-russes, c'est exactement ça, c'est un pastiche de pastiche de pistache qui finit par être sérieux, presque mélancolique devant l'hégémonie de la vision du monde américaine. Et y'a Taeko Ohnuki aux choeurs, en prime. Indispensable
- Note donnée au disque :