Je ne vais pas tenter de me mettre dans l’esprit de Stuart Adamson et de ses collègues mais je me demande s’ils n’ont pas été légèrement frustrés par la réception de ‘Steeltown’ (pourtant fort réussi) tant on a l’impression qu’ils ont mis le paquet sur ce troisième disque. ‘The Seer’ sent la machine de guerre comme si les Ecossais avaient concentré ce qu’ils savaient faire de mieux pour lâcher la purée sans concession: mélodies entraînantes, parfum épique écossais en arrière-fond, orchestrations soignées fraiches comme la brume iodée les matins gris sur la plage et une pointe romantico-tragique pour épicer le tout. Mais surtout, Big Country vont tenter de corriger la ‘faiblesse’ que beaucoup leur prêtaient (pas moi) soit un manque de tubes imparables hors des frontières du Royaume-Uni. Alors ils y vont sans pitié, ‘Look away’ en intro, un véritable hymne, ‘The teacher’, 'The Seer' avec Kate Bush en invitée, même ‘One great thing’ qu’on pourrait jouer au Tattoo d’Edinburgh, ‘I walk the hill’… Pour autant, ils ne négligent pas une vraie démarche artistique, le son général est plus froid, dépouillé, toujours aussi puissant mais moins bloc, Stuart Adamson a travaillé sa voix, essaie des nuances (‘Hold the heart’); ce sont les atouts de ‘The crossing’ mais travaillés avec plus de maturité. En ce qui me concerne, voilà l’opus le plus abouti du combo, commercial mais pour de bonnes raisons… Et pourtant, allez savoir pourquoi, il n’obtiendra pas le succès escompté et je ne comprends pas pourquoi. ‘Look away’ a les qualités pour talonner (à défaut de l’égaler) ‘Sunday bloody Sunday’ de U2… Les conséquences en seront que le groupe va commettre l’erreur de partir aux USA enregistrer son quatrième opus, renoncer à tous les éléments constituant l’identité de sa musique et amorcer un lent déclin ponctué de sursauts mais sans jamais retrouver la popularité des 80’s. Je suis bien conscient que cette formation n’était de par sa moelle même pas forcément destinée à durer au delà de cette trilogie, le rock celtique ayant vite tendance à devenir une attraction pour les fêtes de village (The Alarm rencontreront des problèmes similaires, seuls U2 parviendront à se réinventer complètement et rester au sommet du podium dans les 90’s). L’histoire du rock est parfois cruelle, Stuart Adamson était un grand musicien, des disques tels que ‘The Seer’ restent pour le démontrer…