Le sens du show business américain… Après tout un comédien de série B a bien pu y devenir président donc rien d’étonnant à ce qu’un organiste de bar développe un culte à une vision de Satan… Pour me faire l’avocat du…diable, face à la Bible Belt, il est parfois nécessaire de sortir l’artillerie lourde. Louise Huebner appartient à cette faune occultiste émigrée à Los Angeles. Descendante de plusieurs générations de sorcières, elle débute ado comme diseuse de bonne aventure avant d’ouvrir un cabinet d’astrologie dans la Cité des Anges. Cultivée et érudite, elle est polyglotte, charismatique, se voit invitée en tant que voyante dans différents talk shows (après tout, son mari concevait des storyboards pour des films). En 1968, elle est baptisée ‘Sorcière officielle du comté de Los Angeles’ (certificat écrit à l’appui) en raison de ses pouvoirs… Aaaah, ce bon occultisme hollywoodien des familles, comme quand des adolescents norvégiens prenaient Venom au pied de la lettre… Elle ne sera d’ailleurs guère reconnue par le milieu Wicca lui reprochant les clichés qu’elle véhicule. Louise Huebner la sorcière ? C’est comme prendre au premier degré les films de la Hammer mais l’important n’est pas là. Avertissement: ce disque est destiné à celles et ceux qui comme moi ne croient pas spécialement à la sorcellerie tout en étant fasciné par le sujet. Tout est dans le titre, une forme de spoken word à propos de vitalité sexuelle, de séduction, d’éléments autobiographies, de rituels, avec quelques effets de synthé (par les époux Barron, pionniers de l'électronique, excusez du peu). Croyez-le ou non, kitsch ou pas, ça fait son effet, madame sait poser sa voix avec un zeste d’effet dramatique dans le timbre, une légère réverbération. Quelques filets de synthé angoissant bien positionnés pour compléter la mis en scène et c’est parti. Le chaînon manquant entre la messe de Anton LaVey et le premier album de Coven. J’adore.