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Spacemen 3 › Recurring

cd • 15 titres • 78:40 min

  • 1Big City (Everybody I Know Can Be Found Here)10:51
  • 2Just to See You Smile3:19
  • 3I Love You5:32
  • 4Set Me Free/I've Got the Key5:11
  • 5Set Me Free (Reprise)1:50
  • 6Why Couldn't I See6:37
  • 7Just to See You Smile (Instrumental)3:19
  • 8When Tomorrow Hits4:26 [reprise de Mudhoney]
  • 9Feel So Sad (Reprise)2:46
  • 10Hypnotized5:57
  • 11Sometimes6:36
  • 12Feelin' Just Fine (Head Full of Shit)4:33
  • 13Billy Whizz / Blue17:33
  • 14Drive / Feel So Sad5:34
  • 15Feelin' Just Fine (Alternative Mix)4:30

informations

Enregistré par Abjali Dutt, Paul Adkins et Sarah Bedingham au studio VHF, Rugby. Remixé aux studios Battery, Londres.

Artwork : Mr Ugly.

line up

Will Carruthers (basse), Pat Fish (flûte), Alex Green (saxophone), Owen John (violon), Jason Pierce (voix, guitares acoustique et électrique, autoharpe, guimbarde, piano, claviers), Sonic Boom (voix, guitare, guitare 12 cordes, orgue, synthétiseur, samples), Mark Refoy (guitare), Richard Formby (guitares rythmique et lead), Jon Mattock (percussions)

chronique

L'album de la rupture n'est pas toujours l'album de trop... Prenez cet ultime Spacemen 3 (studio), avant que Sonic Boom et Jason Pierce n'en puissent tout à fait plus de leurs tronches respectives, par exemple. C'est vrai : tout y annonce la cassure, indique même qu'elle devait être bien avancée, consommée, au moment de l'enregistrement. Chacun des deux se réserve une « face » du disque, les compositions séparés en deux blocs distincts – avec en guise de césure une reprise de Mudhoney (d'ailleurs bien vénéneuse, cette version de When Tomorrow Hits – sludgy comme l'article original). Chacun des deux, donc, revendique sa patte, veut se différencier, qu'on ne les confonde surtout pas. Pourtant... Eh bien je trouve à Recurring une cohérence rare – chez eux et tout court. Certaines des compos de Sonic Boom colleraient parfaitement sur l'un ou l'autre disque, à venir, de Spiritualized, avec leur côté sixties biaisé, Buffalo Springfield légèrement brumisé à l'azote liquide (assez légèrement pour ne pas cryogéniser la chose mais suffisamment pour que la surface devienne bizarrement givrée, d'aspect cassant et curieusement luisant/dépoli à la fois) – alors que ce groupe-ci sera le projet de Pierce. Lequel Pierce, de son côté, se laisse facilement aller à des dérives dans l'éther saturé, du genre qu'on prête plus volontiers, souvent, au susnommé Boom, aux plages en évaporations acides et douces.

Au vrai, Reccuring parvient mieux que tous ceux qui le précèdent, à mon sens, à établir cette impression trompeuse d'équilibre ouvert, mobile, de mouvement en boucles vraies ou fausses – d'immobilité/mobilité qui paraissent ou restent cachées selon le plan, l'angle selon lequel on les observe, écoute, perçoit. On dirait qu'ils parviennent ici complètement à établir cette civilisation de la défonce et du glissement qu'avait toujours semblé clamer leur musique. (Big City, en ouverture... Hommage au Bright Light, Big City de Jimmy Reed, le bluesman de Chicago qui avait tant influencé certaines de leurs idoles sixties ? L'hypothèse est séduisante). L'ambiance générale est euphorique, décidément flottante (je ne vois guère de terme qui qualifierait mieux l'ensemble de l’œuvre de ces gens-là, avec est sans Spacemen 3) mais jamais béate sans ombre – toujours teintée de cette lucidité confinant à l'anxiété, à une méfiance, une vigilance flirtant avec l'angoisse paranoïaque, quant à ce que semblent dire les apparences, l'évidence. Aussi, alors que le groupe semble plus que jamais s'abreuver, s'approcher de ce psychédélisme « des origines » – des formes musicales qu'avaient léguées les hippies et autres beats des années soixante (aussi bien anglais que californiens, new-yorkais, de Detroit... aussi bien qu'allemands sans doute, versant kraut, motorik etc.) – il me semble qu'ils n'ont jamais sonné autant « de leur temps », en tout cas complètement distincts de ces modèles, aussi singuliers que chacun de ceux-là avaient pu l'être. Ce n'est en passant certainement pas un hasard si la seule reprise du disque, on y revient, est empruntée à Mudhoney – groupe pas moins obsédé que les ci-présents spatio/psychonautes par cet espace-temps musical d'antan, le vieux garage psychédélique et brut ; mais groupe, aussi, qu'il est absolument impossible, à l'écoute, de prendre pour un simple combo « revivaliste », un gang de posticheurs vintage. (Un groupe certes très américain, par ailleurs, très Seattle, très... Grunge, oui, là où Spacemen 3 restent toujours indubitablement anglais, britanniques... Reste que le lien est beau, en l'espèce – qui s'établit en cette reprise à priori plutôt inattendue).

De « reprises » et autres variations – sur leur, de leur propre matériau, il est question tout au long du disque. Just to See You Smile déclinée en versions vocale puis instrumentale (presque une sorte de dub, à vrai dire – sans la moindre touche reggae, j'entends, seulement pour les techniques de production, qu'on retrouve ailleurs aussi sur le disque). Set Me Free qui se met en abyme (avec ces semi-rires, « oooh yeaaah » et autres grognements pas foncièrement QUE rassurants sur la coda). Feeling So Sad, avec son bis (« Reprise ») qui figure AVANT la version « tout court »... Oui, la temporalité, malgré cette sensation de confort, de « tout va bien se passer », de tout-se-passe-à-merveille où nous installe cette musique de bout en bout, est bel et bien chamboulée, cette fois encore. Après tout de Feeling So Sad à Feeling Just Fine, la confusion demeure possible, à mal prêter l'oreille. Et quant à cette dernière option – le So Fine, la liste propose deux codicilles. « Head Full of Shit » ou « Alternate Mix ». Bon... Le mélange alternatif, ça sonne moins droit-aux-séquelles. Ou pas, bien au contraire ?

Question de subtilités. Qui sont des questions de choix. Esthétiques ? Si on veut. En admettant que ceux-là servent à ouvrir des chemins. (Et que les réminiscences soient parfois autant d'intuitions pour ces suites).

Très bon
      
Publiée le mercredi 14 juin 2023

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    kama Envoyez un message privé àkama

    Il a la naiveté d'un PTV celui là.

    Note donnée au disque :       
    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
    avatar

    Oui, finalement ça reste secondaire, la signature, là-dessus... Et va donc falloir ajouter le tag "ziuuoïnggg-musick" !

    Message édité le 15-06-2023 à 08:59 par dioneo

    Note donnée au disque :       
    Sartoris Envoyez un message privé àSartoris

    Marrant, j'ai souvent lu que Kember et Pierce avait chacun sa moitié du disque, mais aucun article ne précisait qui était responsable de laquelle. Et in fine, comme la chronique le dit, c'est pas important. Spacemen 3 fonctionnant dans une réalité légèrement décalée, ce genre de détail se floute, s'évanesce et se ziuuoïnggg.