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Chico Science & Nação Zumbi › Afrociberdelia
- 1996 • Columbia records 479255 2 • 1 CD
cd • 20 titres • 58:52 min
- 1Mateus Enter0:33
- 2O Cidadão do Mundo3:21
- 3Etnia2:33
- 4Quilombo Groove2:32
- 5Macô4:10
- 6Um Passeio No Mundo Livre4:00
- 7Samba do Lado3:47
- 8Maracatu Atômico4:45
- 9O Encontreo de Isaac Asimov com Santos Domont No Céu1:39
- 10Corpo de Lama3:53
- 11Sobremesa4:00
- 12Manguetown3:15
- 13Um Satélite na Cabeça2:07
- 14Baião Ambiantal2:33
- 15Sangue de Bairro2:12
- 16Enquanto o Mundo Explode1:29
- 17Interlude Zumbi1:12
- 18Criança de Domingo3:28
- 19Amor de Muito2:55
- 20Samadarish4:32
informations
Enregistré et mixé par G-Spot, Luis Paulo Sefarim (Maracatu Atômico, Um Satélite na Cabeça, Baião Ambiental) et Mario Cataldo Jr. (O Encontreo de Isaac Asimov com Santos Dumont No Céu). Produit par Eduardo BiD et Chico Science & Nação Zumbi.
line up
Chico Science (voix), Dengue (basse, basse freteless), Gilmar Bola 8 (alfaia), Jorge du Peixe (alfaia), Lúcio Maia (guitare, viole caipira), Pupilo (batterie), Toca Ogam (percussions et voix)
Musiciens additionnels : Gilberto Gil (voix (samplée) sur Macô), Fred 04 (cavaquinho sur Samba do Lado), Marcelo D2 (chœurs sur Macô), Bidinho (trompette sur Etnia et Um Passeio No Mundo Livre, flugelhorn sur Amor de Muito), Eduardo BiD (guitare sur Etnia, arrangements), Gustavo Didalva (percussions sur Samba do Lado), Hugo Hori (flûte sr Marcô et Amor de Muito, saxophone sur Etnia et Um Passeio No Mundo Livre), Lucas Santana (flûte sur Manguetown), Marcelo Lobato (claviers sur Um Satélite na Cabeça), Serginho Trombone (trombone sur Etnia, Um Passeio na Mundo Livre et Amor de Muito, arrangements), Tiquinho (trombone sur Etnia, Um PAsseio na Mundo Livre et Amor de Muito)
chronique
La Nation Zombie vous parle – depuis Recife, État du Pernambouc, Brésil. Sa voix n'est pas celle des morts relevés en état de léthargie pour bosser comme esclaves aux champs, n'est pas le grognement des cadavres vidés d'âmes qui claudiquent vers vous en râlant cerveeeelleeee... Le « Zumbi » dans le nom du groupe, au vrai, vient d'un chef de guerre, Zumbi do Palmares, figure historique, esclave enfui qui dessina avec ses partisans, vers le milieu du XVIIème siècle, son propre territoire autonome – avant de finir décapité par les Portugais. Aucun râle, donc, ne viendra de là : ici le verbe et le son claquent. Articulés, souples mais durs, agiles et perçants, contondants. C'est la voix d'une Commune Libre – vindicative envers quiconque tentera de la mettre sous coupe, d'étouffer son souffle, hospitalière à qui tentera d'y trouver une autre voie, une vie défaite du mensonge quotidien, des routines en œillères. C'est un groove électrique, lourd et aérien – volée de plombs. C'est un monde traversé d'éclats et de bribes – des samples, des citations, des bouts de folklores hyper-modernes et anciens. Tout est cohérent, pourtant – parce que le propos est net, l'intention toujours limpide. Chico Science scande cette langue que je ne comprends pas – mais pas un instant je ne doute du moindre de ses mots. Le groupe balance son maracatu-funk (et « atomique », selon leurs propres mots), musique et poésie concrètes, de fête et de combat ; son mangue-beat qui renverse et attrape tout sur son passage. Le tambours sont les machines sont les cocotes coupantes des guitares. Chico tabasse, assène – et roule sous cette mécanique de peaux et de membranes basses-médiums-aigus, d'os et carcasses en synthétiques moulés. La basse tient et meut le tout – parfois contre (basse, donc), parfois fretless, autant que le reste percussive, la plupart du temps. Les riffs déchirent soudain le sol sous nos pieds – le temps qu'on aperçoive si en-dessous c'est pire ou bien à peine une variante, si c'est ici ou pas, « l'enfer ».
Afrociberdelia est un disque fabuleux. Lucide/extra-lucide, incroyablement bien construit, absolument intuitif dans son cheminement. Il est ancré en plein réel – et pas des plus doux, donc. Il survole tout, un Satellite dans la Tête, pour choisir où se poser, taper son impact. Parfois l'attaque se fait presque feutrée – Sobremesa – mais jamais les musiciens ni l'orateur (car Chico Science est un orateur) ne lâchent leur ligne, ne cessent de tirer, tracer les coupes à même leurs jours, leur époque, leurs pays, les rues où quotidiennement ils passent. Nação Zumbi sera toujours – décidément – un groupe « de terrain ». Pas une bande de rockeurs arty jouant les génies exaltés – l'attitude proche, plutôt, de celle d'un « posse » hip-hop. Bras ouverts et poings fermés, tendus. La paix comme arme de construction – de structures légères, agiles et incassables plutôt que massives et rigides, fonctionnalistes. Semer l'hybridation, les diversités (électroniques, entre autres choses, comme le chantait un autre, sorti d'un autre État du même pays, quelques décennies avant). Faire du berimbau un principe nucléaire de thermodynamique. Faire de la Grande Ville un Quilombo – tous et toutes, échappées, évadés, plantant là leurs foyers, et les voies collectives, les Maisons Populaires.
Afrociberdelia ne se résume pas. Il n'est pas linéaire. Il n'est pas sa propre boîte – à ce titre il serait absurde et bête de vouloir « l'unboxer ». C'est un bout tout entier d'une Pertinence spéciale. On le retrouve chaque fois aussi plein, animé – il ne s'est jamais perdu, ne s'égare pas à vouloir top en faire. Il en fait plus que ça – toujours à la bonne mesure/démesure. C'est une musique qui profite de, qui génère les collisions – en fait un principe de fusion qui pour une fois se réalise. Des courants jazz y passent, une soul d'un genre particulier – local et parfaitement sensible, pris d'à peu plus n'importe où. Le hip-hop et le funk, et les tambours d'ici, on le répète, y pulsent, confondues, émulées, tout y dialogue e, disant oui, non, jamais peut-être.
La Nation Zombie se tait – presque aussi brusquement qu'elle s'était mise à émettre. L'onde passe sous le radar. Pas pour si longtemps... Afrociberdelia est le dernier disque de Nação Zumbi avec Chico Science – tué deux ans plus tard dans un accident de voiture. Ce n'est pas le dernier du groupe – qui s'en relèvera sans jamais nier la perte. Il y aura suites. Il y a ceci – et ceci restera.
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commentaires
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- pokemonslaughter › Envoyez un message privé àpokemonslaughter
(Il a bien fait)
- torquemada › Envoyez un message privé àtorquemada
C’est surtout Soulfly : le guitariste sur cet album est celui du 1er Soulfly, même s’il est pas resté longtemps.
- saïmone › Envoyez un message privé àsaïmone
Your tribe our tribe. Bien vu le Asian Dub ! Le disque "world" que le monde ne connait pas, et c'est fou
Message édité le 21-02-2025 à 12:36 par saimone
- Note donnée au disque :
- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Oui, Sepultura ont dû taper allègrement là-dedans à la période Roots (et même dès le précédent, en fait ?)... Et chez Olodum, Carlinhos Brown, qu'ils inviteront d'ailleurs sur Roots, et qui se dira ensuite influencé par cette "expérience metal" sur ses disques suivants.
Planet Hemp, j'ai un vague mais bon souvenir du truc, il faudra que je réécoute ça ! Et j'ai toujours un Marcello D2 qui traîne quelque part, il me semble, qui de mémoire était plutôt très cool aussi, encore un truc à me remettre dans l'oreille !
Nação Zumbi, la boîte de Pandore do Brasil ?
Message édité le 21-02-2025 à 10:06 par dioneo
- Note donnée au disque :
- kalcha › Envoyez un message privé àkalcha
Je crois qu'on peut même parler de Sepultura qui avouait s'être beaucoup inspiré de Chico Science & Nação Zumbi au moment de composer "Roots" (cf. les tambours mélangés aux guitares heavy). Je crois qu'il y a eu quelques dates du Nação Zumbi au Brésil pour rendre hommage à Chico après son accident, et c'est Max Cavalera qui avait assuré le chant pour l'occasion. Lucio Maia, le guitariste des Nação Zumbi, finira aussi chez Soulfly.
Dans les invités d'Afrociberdelia, il y a aussi Marcelo D2, le leader des Planet Hemp, l'alter-ego brésilien des Beastie Boys (période "Check Your Head").
Et Goldie lui a aussi rendu un hommage avec le titre "Chico - Death Of A Rockstar" dans "Saturnz Return" (dans lequel il utilise un sample de sa musique de mémoire).