Cette pochette m'évoquant Altered States, et tranchant net avec celle de Brotherhood, m'a toujours fasciné. Elle rôdait dans le rayon vinyle de mes parents comme un drôle de produit chimique. Je me souviens de ma première écoute, bien des années après. Des années à construire un fantasme sonore à partir d'un visuel... Inutile de vous dire ma déception à l'écoute de Technique. Coloré ? Pop ? Chimique ? Rien de tout ça. Je me suis juste dit "on dirait un emballage plastique vide". Champignonnière de smileys désolés, dans ma tête baissée. En présence d'un album mélodique et sautillant ; mais dans lequel in ne se passe pas grand chose. Les chèvres de l'introductive "Fine Time", ses vagues airs de Yello, de The The, de Ministry époque With Sympathy ? Bof... La hi-NRG (ou "aérobic proto-Mortal Kombat") de "Round & Round" ? Mouais. Je préfère "Silent Morning" de Noel ! Les Smiths techno-pop de "Dream Attack" ? Pourquoi pas... Les choses palpables ? L'intro de "Mr Disco", mais surtout les lignes de basse de Peter Hook, toujours aussi, euh, hooky ! Car il y a celle, assez imparable, de "Guilty Partner", morceau préféré sans hésiter, où quelque chose d'un peu hanté semble faire surface, comme cela leur arrive parfois depuis Movement (enfin surtout sur mon chouchou Low-Life). "You'll come back to me" - Bernard Sumner a beau le répéter : cela ne suffira pas. Il faut dire que son chant transparent, parangon de tiédeur, est ici l'exemple-type du vocaliste des années 80 dans son expression la plus compassée. Nanard a vraiment l'aura d'un Playmobil ! Petit, je crois que préférais les Lego. J'avais tendance à mépriser intérieurement les Playmobil, que je considérais comme des gugusses trop proprement coiffés et indécoiffables pour être honnêtes. Les Lego semblent plus basiques ; mais eux au moins, ils cherchent à s'emboîter ! Et ils n'ont pas ces longues jambes inflexibles qui me font penser à moi quand je danse, ou à Claude François. Ou aux beats de Technique, supposés imparables, qui sont étudiés comme des suppositoires. Problème : à l'écoute on est trop raide pour les recevoir. Un album sans doute avant-gardiste pour ceux qui aiment deviser de l'histoire de la musique plutôt que des émotions qu'elle procure. Émotionnellement et non historiquement parlant, tout cela est ma foi fort inoffensif. Radicalement tiède. Écoutez plutôt les premiers Pet Shop Boys, dont Technique semble la version fonctionnaire, résidus de post-punk dilués dans la dance, aussi passionnés qu'un employé de bureau se levant pour remettre une rame de papier A4 dans l'imprimante. Mystère dans la machine : tous ces morceaux combinés ne vaudront jamais une seule "True Faith". Ce qui étrange, car leur ADN est similaire à 98,5 %... Cela correspond à l'écart génétique entre le dauphin et l'humain. Un dauphin c'est intelligent et ça nage très bien, d'accord ; mais qu'est-ce que c'est lisse ! Peace aux cétacés, mais désolé, quand il s'agit de l'artefact bidulesque Technique : j'ai piscine.