Fans de Host, l'album ? Voici l'album de Host. Pardon : HOST. Même s'il faudrait plutôt écrire : HOSTIE... Pâle, plat, et fade ; mais religieux. À défaut d'être mystique. Amour des années 80 revécu par ceux qui y étaient jeunes adolescents, plaisir nostalgique sans autre but, modeste, qu'une escapade mélancolique sur de beaux synthétiseurs - et ils sont vraiment très beaux par moments, comme sur ceux de "Years of Suspicion", à vous faire saliver à la fois John Carpenter et Michel Berger... Révérence, solennité habituelles de Nick Holmes, ce chanteur à qui je me sens attaché comme à un oncle un peu lointain qui aime froncer les sourcils, et qui est toujours d'un sérieux d'huissier, même quand il s'agit d'évoquer plus franchement ses années de jeunesse new wave, en se désencombrant de l'attirail "grosses guitares" (Mackintosh aidant, il y a bien des guitares, mais ce sont plutôt des guest-stars)... Les mauvaises langues mentionneront Era ("A Troubled Mind") ou me diront que c'est une approche platement métalleuse de la new wave synthétique, comme l'Assassination d'Ulver. Ce à quoi je rétorquerai que Holmes a une voix claire dotée d'une présence, ce qui n'a jamais été le cas de l'insipide Rygg. Et qu'il ne survend pas prétentieusement sa variété deluxe dans des références "pointues", pour faire cache-misère. Les langues mauvaises renchériront, cette fois en m'attaquant par mes découvertes adolescentes : "et Host l'album de Paradise Lost, il était pas super fade lui ?!" Sauf qu'ici, l'ambiance des chansons ne m'évoque pas une berge anglaise en hiver, mais plutôt une grande salle d'exposition, ou un loft moderne... en hiver aussi, OK ; mais l'hiver dans un grand espace urbain du style Manhattan, quasiment vidé de ses habitants, les instrus évoquant de grands buildings déserts. Ou des coquilles vides, d'hibernation pour voyage interstellaire. En fait, peu de vraies chansons marquantes ici ("Tomorrow's Sky" et "Years of Suspicion" éventuellement) ; plutôt des esquisses montées en neige. Une armada polissée de claviers "époque", aussi laqués que des stormtroopers fraîchement polishés. Laqués, ou laquais. On sent le service impeccable. La pop de Nick et Greg c'est de la musique qui se tient bien à table, après les bénédicités et avant le brandy. Sensation de tenue et de politesse extrême, assez bien résumée par le choix d'un titre comme "Inquisition". Malgré l'homogénéité assez maniaque de cette pseudo-usine à tubes, chaque morceau vient chercher à apporter sa teinte, avec des ajouts mackintoshiens... En fait, et ceci a sûrement déjà été relevé par pas mal de monde, ce IX s'écoute plus comme du Paradise Lost post-One Second, sans metal, que comme un album de synth-pop "de l'époque". Et ce dès la 100% PL "Wretched Soul", ou sur des morceaux très manutentionnaires comme "Hiding from tomorrow". IX est immaculé, homogène comme ma baignoire - une fois que j'ai bien tout rincé les poils. Tout dans IX, glisse comme sur de la faïence... ou la peau écaillée avec soin des deux protagonistes de la pochette, trouvés dans un cimetière à mannequins par Greg Mackintosh. Lisse. N'est-il somme toute pas naturel, devant autant de beaux carrelages et de belles porcelaines, de rester... de marbre ?