Guerre Froide › Fiat Lux

Quelle daube, Guerre Froide ! Et juste après, le rouge nous monte aux joues d’avoir osé penser ça… C’est quand même vraiment bon, Guerre Froide… Mais bon, là, ça ne colle pas du tout à ce que j’ai envie d’écouter… Pas grave, ça viendra cet après-midi. Ou pas. Ils agacent prodigieusement et délicieusement quand même, ces Guerre Froide, cette pop déstabilisante bien trop légère pour être sombre, bien trop grise pour être heureuse. A une époque où le ‘post punk’ est roi, le groupe se rit bien des structures convenues comme il l’a toujours fait. Guerre Froide ne ressemble qu’à Guerre Froide et ce dernier opus ne changera pas la donne, jouant sur le minimalisme des structures mais en évitant soigneusement d’en faire de simples tubes pour dancefloor. Même si on y croit avec le beat de ’Jeunesse’, ces textes existentiels, ce drôle de chant narratif coupe vite l’envie de faire la fête. Idem sur ‘Dura Lex’ et sa longue litanie d’expressions latines ou ‘Les épines’ qui a l’air de commencer comme une de ces new-waveries débiles et commerciales qu’on entendait dans les hits-parades français dans les 80’s… Sauf que Sabatel n’a pas la voix nunuche de Lio, que les paroles ne sont pas écrites par Nicolas Sirkis et que la fin du morceau, sa colère retenue, ne sont pas si niais au final… C’est quoi, ce bordel !?! Guerre Froide jouent au yo-yo avec nos émotions ou quoi ? Pourquoi ? Parce que Guerre Froide sont subversifs. Ben oui. Il ne suffit pas toujours de hurler vêtu de résilles pour l’être. Eux, le sont comme un ver en train de bouffer une belle pomme verte garantie colorée main, ça épouse les formes en apparence, ça endort la méfiance à coups de beats binaires, de motifs électroniques répétitifs, de sonorités dont on ne se méfie pas, avec quelques détails bien sentis discrètement mixés en arrière-plan (les guitares), qui nous piègent dans un brouillard, les deux voix désormais complémentaires depuis quelques albums se chargeant de jouer au gentil et au méchant avec nos nerfs comme dans un interrogatoire de notre conscience. Et on en redemande. J’ai jamais pigé l’adulation autour de Ellie et Jacno, me suis repris des volées de bois vert pour avoir trouvé ça creux, niais, sans consistance. Je l’affirme encore aujourd’hui (même si il n’y a rien de personnel là dedans); d’ailleurs s’ils avait eu le talent qu’on leur prête, ils auraient sorti des disques de la trempe de celui-ci qui mériterait de ne pas rester alternatif vu sa propension à démontrer que la pop peut être corrosive en douceur. 4,5/6