Aubrey Hodges › Doom Playstation: Official Soundtrack

Doom, c’est la perfection vidéoludique. Trente ans après sa sortie, tout le monde joue encore à Doom, ou plutôt à « un » Doom. Il y a différentes écoles qui elles-mêmes se divisent en plusieurs branches. En somme, il y a les puristes qui ne jouent qu’au vanilla et, à la limite à l’une des millions de maps custom, surtout lorsqu’elles sont infâmement difficiles (Plutonia « trauma » Experiment ou Maps of Chaos). Et il y a les autres, qui jouent à Doom Eternal ou qui, s’ils veulent un parfum old-school, s’amusent à démembrer les Imps et Cacodemons sur Brutal Doom à base de mods pétés comme Russian Overkill.
Si ce début de chronique est trop jargonneux, c’est que tu n’as pas encore plongé les deux pieds dans le slime de la licence de jeu vidéo la plus sombre et édifiante, à défaut d'être la plus expérimentale. Doom c’est un gameplay pur, simple et intuitif. Et une ambiance. Rien de plus. Lors de la sortie sur Playstation et Saturn, la bande-son a été entièrement revisitée, pour des problèmes de droits dus à Robert Prince qui, ironie de l'histoire, n’avait fait que plagier en midi des thèmes en vogue du metal du début des années 1990. En 1995, le monde des consoles est définitivement entré dans la consommation de masse et il n’est pas vraiment question de jouer aux pirates comme sur micro. Aux manettes, Aubrey Hodges, un compositeur qui va passer sa carrière sur Doom, Quake et des jeux de sports ricains. Un bon gars, une bonne bouille, un physique de lanceur de baseball en fin de carrière. Au final, du génie. Un bijou d’ambient sombre qui accompagne le joueur dans les méandres de Phobos jusqu’en enfer. La vision de Doom par Hodges est un cauchemar de nappes torturées, d’échos de percussions, de borborygmes infernaux, d’incantations inintelligibles. Ne reste parfois que le bruit du sang qui frappe contre les tempes. À peine es-tu réveillé par les thèmes martiaux d’introduction et de conclusion ou les rugissements démoniaques de Breath of Horror, titre qui, ô surprise, ouvrira un temps les concerts de Morbid Angel. Pour ficeler le tout, histoire de te dissuader d’en faire une musique de sommeil, un titre gabber enfoui au fond de la liste, tel le niveau qui lui est dédié : club Doom, afin de rappeler que ce jeu relevait au départ de la grosse série B. Cette bande-son revue et corrigée, inquiétante au premier degré, gomme cette distanciation typique de la version PC. Ici, plus de blague possible : Health 09%, Armor 0%, la face sanguinolente, à la recherche d’une clé bleue qui ne s’ouvrira que sur un Arch-Vile prêt à te fumer comme une merguez. Harcelé par les Lost Souls, misérable cancrelat, Doom-guy solitaire et sans nom qui défie Satan front contre front, avec un fusil à pompe, deux grosses balloches dans les valoches et du Aubrey Hodges à fond dans le HUD.