On dit que la foudre ne tombe jamais deux fois en même endroit mais qu’en est-il des coups de foudre musicaux ? J’avais été franchement électrifié par l’étrange pop gothique de cet intriguant Dusty Gannon, gros bras en apparence et pourtant empreint d’une incroyable sensibilité tant dans sa musique que ses maquillages; la magie allait-elle opérer à nouveau ? La réponse est oui. Déjà, l’homme ne perd pas trop de temps en vaines introductions, ses chansons démarrent pleinement après deux ou trois temps déjà, preuve que son groupe sait ce qu’il a exprimé et n’a nul besoin de noyer le poisson. Même impression que la première fois, si les Smiths avaient tenté d’être gothiques, cela aurait pu se rapprocher du travail de Vision Video. La musique sonne pop, presque accessible de par ses belles mélodies, ses arrangements soignés, un chant masculin clair mais très vite, imperceptiblement, l’impudent lambda qui se serait rués sans réfléchir du haut de ses claquettes et de son survit’ informe prendra peur. Cette pop est emplie d’une passion spéciale, dynamique mais alimentée par une forme de spleen peu tapageur qui s’insuffle titre à titre, s’insinue dans l’esprit de l’auditeur(trice) pour son plus grand plaisir si il (elle) est mélomane. La faute à ce putain de sens mélodiques, ces claviers tranquillement endeuillés, la fraîcheur toute cold wave des guitares. Est-il humainement possible de résister aux refrains de ‘Haunted Hours’, ‘Death in the hallway’, à la grisaille dynamique de ‘Promises’ ? La reprise de Joy Division est sympathique mais bien qu’elle s’intègre parfaitement, elle brouille presque un univers que l’on sent si sincère entre optimisme béat et pessimisme pragmatique (je vous renvoie au vécu pas banal de l’ami Gannon). Avez-vous aperçu sur la toile ce même consacré aux Smiths montrant un cimetière (les paroles) côtoyant une place de jeu (la musique) ? Hé bien, ‘Haunted hours’ serait le terrain de jeu installé au milieu des tombes. Si l’amour qu’on peut porter à cette formation ne se dévoile qu’à moitié la première écoute, au fur et à mesure, il en deviendra dévorant sans qu’on ne l’ait vu arriver. Nostalgiques de la bande à Morrissey, pourquoi ne pas en découvrir une version gothique made in USA ?