En 1983, Andrew ‘not goth’ Eldritch qui n’a pas attendu trop longtemps pour être une tête de lard déclarait en réaction au post punk et ses tentatives de casser les clichés et les structures du rock: ‘Il y a un paquet de groupes atroces en Angleterre, surtout à Londres. Sur scène, ils ont cette attitude à la con du type: ‘nous ne sommes pas un groupe de rock’. Nous, nous poussons encore plus loin qu’eux mais dans le sens contraire. Nous, nous disons haut et fort: ‘Nous sommes un groupe de rock’. En même temps, il n’a pas entièrement tort au sens théorique du terme car au final, les Sisters of Mercy étaient effectivement une formation rock qui jouait avec une boîte à rythmes… Et un son plus glacial, obscur, des vocaux gutturaux et… Bref. The Rose of Avalanche, eux, sont un groupe rock avec boîte à rythmes. C’est tellement flagrant à l’écoute des sessions enregistrées pour John Peel, les guitares, le timbre à la Lou Reed, le groove électrique… Et c’est foutrement bon ainsi. Il y a quelque chose de presque magique à évoquer la perfide Albion et son rapport à la musique et une forme de ridicule à préciser à chaque fois qu’on évoque une Peel Session que c’est un grand moment sonore. Les chansons interprétées témoignent de la version la plus pure des concitoyens de Eldritch, sans overdubs superflus: une boîte sèche (moins que Dr. Avalanche… Bizarre, ces références aux avalanches pour des gars qui ne voient jamais de neige, non ? Ah non, c’est une référence à Léonard Cohen…), enrobée d’une belle basse ronde, des guitares à l’électricité fraîche, un timbre qui serait celui d’un Lou Reed dopé aux speeds plutôt qu’à l’héroïne, des mélodies sexy… Tout ça servi dans un feeling quand même légèrement mystique que le combo le veuille ou non. Ces versions sont un régal dans cette énergie sincère (mmm, ‘A thousand landscapes’, ‘Rise to the groove’…), réduite à l’essentiel dévoilant la sensualité des mélodies. Un an plus tard, nouvelle session, le groupe a déjà fait évoluer son son; cette fois, on a une batterie, les guitares sonnent moins froide, plus ouvertement électriques, plus amples dans leur enveloppe mais c’est toujours aussi bon. On devine cependant que The Rose of Avalanche sont déjà à l’étroit dans l’étiquette goth rock, une idée qu’ils manieront toujours avec une certaine maladresse. En bonus, deux version démo de belle facture et deux morceaux live enregistrés à Lyon en 89 (probablement cette même tournée qui passera par la Suisse, me permettant de les voir; excellent souvenir). Si au départ, je les toujours sous-estimés face aux brillants Sisters of Mercy ou aux March Violets, le temps passant m’aura fait réaliser que The Rose of Avalanche, c’est un groupe qui te colle au coeur et dont tu ne te débarrasses pas si facilement. Une belle revanche pour des zicos qui n’auront pas toujours eu de chance dans leur gestion de carrière. Une parfaite mise en bouche ou un excellent dessert selon que l’on connaisse ou non ces Anglais…