Kreator › Hate Über Alles

Teux mille finteuteux, année charchée ! Les thrasheux teutons aussi reviennent, avec une pochette assez klasse... en tout cas une de leurs moins vilaines. Et entament avec une intro western. Ils nous disent quoi en creux, les Krékré, les Totor, avec ce "Sergio Corbucci is Dead" ? Qu'eux, par rapport à Metallica qui se la pètent en entrant en scène sur du Morricone de chez Leone, sont un pur groupe bis, une formation de série B qui s'assume ? "N'aidez pas James Hetfield à agrandir son ranch et à s'acheter des havanes : donnez plutôt vos euros aux artisans allemands" ? Ou n'veulent-ils pas simplement nous dire qu'ils n'ont pas d'idée précise ? La suite du disque le confirmera, en mêlant démonstrations de puissance stériles, et arpèges qui sentent l'eau de toilette bon marché. Kreator envoient la sauce, on se dit que ça va faire un skeud de vieux thrasheux comestible... et puis l'album assez vite mouline à vide, et se constelle de ces mélodies de heavy-métalleux gâteux de série qui se farcit son centième Wacken. Du metal plastique-beauf comme il s'en déroule à la tonne dans les usines à saucisses discount. J'ai rien contre les mélodies fleuries heavydemment, même si dans le contexte d'un Kreator ça fait cheveu d'elfe dans la soupe d'orque, mais là c'est vraiment en-dessous du générique. C'est plus plat que du papier peint. Et puis que dire de ce son aseptisé... Les mecs ont passé leur metal au Sanytol "élimine 99.9% des bactéries et virus" ? Le panzer est propre : on boufferait par terre. La machine à riffs turbine sans odeur, ni ambiance. Un piège que Mustaine a évité avec son dernier blockbuster, qui sonne peut-être hyper-clean mais impose son charisme. L'énergie, la puissance sont là, même dans les mid-tempos, mais il n'y a aucune vraie hargne dans cette triste rémoulade mélodico-métallique, que les stridences et le chaos relatif d'une "Dying Planet" viendront à peine relever. Trop de metal d'Eurovision ("Pride comes before the fall"), de power-metal fade ("Become Immortal") ou du heavy-sympho ("Conquer and Destroy"), pas assez de pure sauvagerie. On t'invite une nana, mais ça vaut même pas un Doro. L'impression d'être revenu aux morceaux les plus lisses de mes samplers Metallian, au tout début des années 2000. Mais j'ai plus le temps pour ces conneries Petrozza, alors ta pizza surgelée tu te la gardes, t'es gentil.