Virgile nous avait prévenu: « facilis descensus averno, sed revocare gradum superasque evadere at auras, hoc opus, hic labor est. » Rien de plus aisé que la descente aux enfers… mais en revenir, et se hisser vers les cieux, là se trouve la véritable épreuve.

Et voilà bien ce qu’est ce disque: une épreuve. D’une beauté ignoble, d’un rejet absolu. Khanate n’aura jamais sonné aussi désespéré. Leur souffrance est palpable…je la sens dans mes os… dans la moelle de mes vertèbres malignes. Jusque dans mes veines dilatées par ces guitares saturées à outrance. Un cauchemar. Une réalité piégée entre deux mondes, entre deux guerres, celle des hommes et celle des cieux. Une croix qui précéda celle du Christ dans l’âme humaine. Une cicatrice béante en travers de la chair des esprits malades. Un trauma, un délire dont la réalité n’est pourtant pas absente. La rémission des blessures de l’âme n’est pas un processus agréable, je peux vous le garantir.

Si Things Viral vivait sa psychose de l’intérieur, To Be Cruel en est la réalisation ultime. La réalisation d’avoir été cette chose, ce « id », cette idée. Une bête. Un démon. Pas celui des contes mais celui qui vit vraiment au sein de notre monde. Et parfois dans nos esprits. « Don’t look away » because it’s all real…

To Be Cruel, c’est cette culpabilité ignoble qui remonte enfin vers la conscience. Et la douleur qu’elle génère est absolue. Personne n’en revient indemne.

Sequel. Séquelles. Ce qu’elle.

Ce qu’elle nous dit, qu’elle veut nous apprendre, cette culpabilité, c’est qu’on est allé trop loin, trop profondément dans les travers de notre esprit jusqu’à commettre le péché personnel que personne doué d’une sensibilité profonde ne pourrait commettre sans scrupules démentiels. « Look in the closet » elle est dans les murs de la structure-même de notre esprit. Elle déborde. Elle sanguinole au travers des parois. Jusqu’au coeur de notre âme. Les sévices du bien. Prométhée et l’aigle divin. Elle est châtiment. Elle est regret. Elle est rejet. Elle est violence. Personne ne peut lui échapper. Prédateur des prédateurs. Bourreau pour le bourreau. Elle nous rattrape inéluctablement. Elle nous brise les genoux et nous met face contre terre. Nous sommes vaincus.

« The spider is us », he said. Un album essentiel pour un groupe qui l’est tout autant. Divin.