Il serait peut-être temps de vous parler du plus allemand des groupes italiens et pas uniquement parce qu’ils ont choisi le nom d’un quartier berlinois. D’emblée, les Florentins ont cultivé les références allemandes en baptisant plusieurs de leurs compositions dans la Langue de Goethe mais surtout en expérimentant dans un style qui n’a jamais réellement gagné leur pays: l’EBM. Fondé en 79 (soit deux ans avant le combo est-allemand du même nom), Pankow commencent par s’inspirer de Joy Division aux côtés de Diaframma avant de s’intéresser à l’aspect le plus expérimental du post punk et aux machines. Le line-up a d’ailleurs déjà été remanié avec notamment l’arrivée du chanteur Alessando Michelli (dit Alex Spalck) poussant la formation dans une recherche inspirée par l’aspect rythmé et sec de D.A.F., du minimalisme barré de Liaisons Dangereuses mais en conservant un travail d’expérimentation des sons. Lignes épurées débarrassées des conventions couplet/refrain qui se déroulent sous l’impulsion de beats simples mais claquants, d’un chant tantôt halluciné tantôt plus émotionnel noyé dans la musique la majorité du temps, humour noir en filigrane, sons râpeux, les morceaux de Pankow travaillent sur l’effet hypnotique du rythme et de la répétition. Ce premier travail sorti en cassette en 1983 nous est aujourd’hui proposé en cd augmenté de bonus dont deux extraits live datant de 83 insistant sur la touche industrielle (au sens primal et expérimental du terme) du groupe avec notamment l’usage de cuivres errant comme des oiseaux surréels entre les sonorités électroniques et crissantes (‘Spinnen’) et deux autres pièces témoignant de l’influence de la démarche de combos tels que Throbbing Gristle ou Cabaret Voltaire. Honnêtement, je suis loin d’apprécier tout ce que produiront les Italiens au cour de leur carrière mais ces débuts sont franchement intéressants et plutôt uniques dans le contexte italien d’époque. Merci pour cette réédition donc !