Si peu de formations biélorusses nous parviennent qu’il serait tentant de les comparer entre elles mais pour celles et ceux qui arrivent avec leurs gros sabots, Dlina Volny (la longueur des vagues ou un bidule du genre) n’ont rien à voir avec Molchat Doma; leur cold wave éthérée parfois loucherait plutôt du côté du Lebanon Hanover dans une version moins désenchantée. Sans parler de bipolarité, les Biélorusses segmentent leur musique en deux aspects, l’un plutôt cinématographique (‘Ne Vinovataya’, ‘Mechta’, ‘Abandon beach’) qui aurait pu servir de b.o. à ‘Twin Peaks’ si Lynch était allé tourner sa série en Biélorussie, l’autre plus rythmé au travers d’une cold wave dépouillée mais nocturne plus que froide. Bien qu’on ait tendance à attendre des produits surgelés des groupes de l’ex-Bloc de l’Est, il n’en est rien ici. Le chant féminin n’est pas spécialement expressif (encore que sur ‘The line’…) mais il dégage une vraie sensualité, une forme de chaleur ombragée efficace et séduisante. Idem du côté musical, les complices ne jouent pas la carte de la sécheresse post-soviétique, la basse est ronde, les claviers invitent à la rêverie au travers d’une mélancolie spatiale et spacieuse, les boîtes ne sonnent pas vintage. Ces deux axes d’écriture ne s’opposent pas, ils fusionnent au contraire en un album très cohérent, séducteur mais sans tape-à-l’oeil ni vulgarité. Contrairement à ce que pourrait suggérer la pochette, il dégage même une forme d’érotisme cosmique et intime à la fois, nappée d’un halo de tristesse positive; l'envie de faire l'amour nu sur une plage au rythme des vagues, sauf qu'il fait trop froid pour cela. Très belle surprise en ce qui me concerne. 4,5/6