Treme Brass Band › Gimme My Money Back !

Comment ça, ce n’est pas gutsien le Treme Brass Brand ? Trop de couleurs de carnaval ? Il y a un cercueil sur la pochette ! Il est blanc mais tout de même, il y a un vrai corps dedans, tout froid, prêt à placer dans le trou. Herman Melville te raconterait sur trente pages combien le blanc est la couleur de la mort et de l'effroi ! Le type dans la boîte doit s’appeler Batiste ou Lambreaux. On pleure, on rit et surtout on danse. Ici c’est New Orleans, creuset de pas mal de musiques que l’on aime sur Guts. Et le genre de coins où l’ouragan succède aux trompettes. La série, Treme, ne parle que de cela. De l’air issu des poumons et de la Terre. L’un dévaste les cœurs et les synapses, l’autre les maisons en carton et le tissu social. Le brass band est un des piliers de la ville, à ranger entre Crowbar et Professor Longhair. C’est quand même autre chose que le paquito de ta banda de pharma. Ici, que du tâcheron jazzeux traditionaliste payé cash après l’office, qui va te faire tourner un riff de sousaphone jusqu’à épuisement des troupes. Giant Steps, c’est déjà bien trop moderne. Le bop, c’est le futur. In a Silent Way, le vingt-troisième siècle. Descente de transe, quand le tempo ralentit, c’est pour laisser place à du blues décadent, le plus lent possible, celui qui accompagne, justement, les cortèges funéraires et petits macchabés ronds et prospères. Le pas suit la mesure, il faut du temps pour aller de l’église au cimetière. Le temps des souvenirs et de quelques larmes mais tout cela finira au bar et, pourquoi pas, taper quelques pièces supplémentaires en jouant When the Saints aux touristes du Vieux carré. Écoute-moi cette version de Old Rugged Cross, il ne manque que les chiens qui hurlent à la mort et la veuve qui sanglote. Que de rires, que de larmes ! Je ne suis jamais allé à New Orleans mais en écoutant le Treme Brass Band, j’ai comme l’impression d’y avoir vécu, souri et souffert en compagnie de mes frères, sur ma rocking chair, en me caressant la barbe, pensif, entre deux riffs de sludge.