Vous êtes ici › Les groupes / artistesDDjango › Athanor

Django › Athanor

détail des votes

Membre Note Date
born to gulo      samedi 25 mars 2023 - 00:24
Fabb74      vendredi 7 avril 2023 - 16:04
Raven      vendredi 24 mars 2023 - 23:38
kama      dimanche 26 mars 2023 - 08:33

cd 1 • 10 titres • 30:36 min

  • 1Génèse
  • 2Miséricorde
  • 3Film
  • 4Devil Jin
  • 5Juin
  • 6Slasher
  • 7Seul
  • 8Rage
  • 9Centurion
  • 10Neptune

informations

line up

Django (MC), Flem (production)

Musiciens additionnels : ARCN, Alpraz, Amine Farsi, Cellulaire (productions)

chronique

  • tache de sang dans la neige

L'écho mi-western mi-funérailles tendu par Flemondat ferre le spleen de l'outsider, dont les mots avancent fiévreux dans ce no-man's land, suivant l'émanation crépusculaire dans un même souffle, voix d'une petite frappe blessée. Cette urgence de se livrer sans se constituer prisonnier, ces lyrics qui sentent plus le papier froissé dans la poche, l'encre lessivée par la pluie ou les larmes, que la copie impec'... Django, revenu des accusations d'imposture (traité en sous-Nekfeu, en copycat opportuniste) se confie, de façon à la fois austère et passionnelle, sans crainte de faire mal dégrossi. Il ne cherche ni à faire joli, ni chiadé, pas plus que sa dégaine de punk à chien désabusé, ses tatouages-gribouillages en jachère (dont "your pain is no credential here"), sa jeunesse en bloc : il s'ouvre. Confession brûlante sur musique gelée. Django ouvre son torse. Tout le monde ne peut accepter ce torse ouvert, bien sûr : certains ricanent, pointant les paroles ou la diction ; d'autres fuient, devant ce qu'ils considèrent comme complaisance. Mais Django même s'il est pas achevé, dans sa verdeur, est entier. Le p'tit père Django, à coups de tête sur le capot à la Dewaere il te fait saigner ses petits mots, simples, il avance à l'instinct et aux nerfs, aux éclosions mentales dans ses foulées, yeux mouillés, entre son obsession morbide et sa faim de crapahuter dans ce rap-jeu, franc comme un hooligan, taillé à l'Opinel. Django n'a pas la poésie millimétrée : ça sort comme ça vient, c'est du sanglot même quand ça fonce dans le lard. Les quelques références bling-bling, comme l'emploi - mesuré sans être timoré - de l'autotune ou des tics anti-Bescherelle du moment ("comme si j'ai"), se fondent dans son monde, sa détresse, son sentiment à la fois abattu et rageur, sa colère de morvieux. C'est une sincérité blême et rêche qui émane de cet album au nom d'alambic alchimiste, autre chose que chez l'écrasante majorité des rappeurs qui préfèrent dire ce qu'ils ont sur leur compte ou sous la couette, que sur le cœur.

Les accusations de pose et les moqueries ne représentent pas grand chose face aux trente minutes d'Athanor, garanties sans lorgnage de montre : Django met le cœur sur la table, "à l'ancienne". Mais avec un minimum de manières quand même : les instrus sont souvent classieuses de tragique minimal, bien ancrées dans cette génération drill-trap, mais avec leur petite teinte gris profond (la cold wave vitreuse de "Film", ou la douceur morbide de "Juin"). Les plates-bandes sonores sont souvent voisines avec l'univers sans parois rassurantes de Freeze Corleone ("Slasher"), ce monde de néant, mais le protagoniste évoluant sur ces terres sonores de Mangemort est à l'opposé des spectres habituels : humain. Trop humain, pour ceux que l'humain désespère ou à qui il fait peur. Les émotions sont la matière première de Django, que ne font au fond qu'enrober les instrus, décors somme toute très classiques, délicatement tragiques, à ses tourneries mentales brutes d'adulescence. Ces instrus qui ne sont souvent rien de plus qu'un discret halo autour de ses mots, de sa voix. De ce mal-être peut-être bancalement rendu mais avec force, à travers ses visions jetées dans le vide-poche, émaillées de références en jachère elles aussi, Ian Curtis, Tolkien, Miyazaki... Harry Potter, Marvel... Django ne cherche pas à se la jouer "pointu", ni jeune faux vieux, il est de sa génération et assume (jusqu'à cracher sur un blase d'animateur TV mégalococaïné dans le rap hardcore de la bien nommée "Rage"), cela ne l'empêche pas de pouvoir débiter son flow au scalpel, prouver ses capacités techniques et sportives au mic, pour ceux que ça intéresse ; mais son intérêt est ailleurs, dans ce journal intime qui saigne de la bouche, dans ce flow émacié qui trace sa route dans la nuit, jusqu'à la berceuse d'une nymphe sur "Neptune". Ce mal-être exprimé avec fébrilité est tangible, palpable. Django nous appuie la tête dans ses émotions, sa musique qui pue la pluie. Il nous dit qu'il existe des albums de rap qui viennent des tripes des ténèbres, dans les années 2020. Merci, Django.

note       Publiée le vendredi 24 mars 2023

Dans le même esprit, Raven vous recommande...

Vîrus - Huis-clos

Vîrus
Huis-clos

"J'me sens tout seul à plusieurs", comme un écho à "Ce qui est bien quand t’es vraiment tout seul, c’est que tu commences à être plusieurs"...

dernières écoutes

Connectez-vous pour signaler que vous écoutez "Athanor" en ce moment.

tags

Connectez-vous pour ajouter un tag sur "Athanor".

notes

Note moyenne        4 votes

Connectez-vous ajouter une note sur "Athanor".

commentaires

Connectez-vous pour ajouter un commentaire sur "Athanor".

Fabb74 Envoyez un message privé àFabb74

Belle découverte !!! Sacrée ambiance joy divisionesque ! Les textes sont vraiment bons et se redécouvrent à chaque écoute. Beau grain de voix, bien au-dessus de Freeze je trouve. Dans un paysage musical pauvre comme en ce moment, ce disque fait du bien malgré sa noirceur.

Note donnée au disque :       
saïmone Envoyez un message privé àsaïmone
avatar

"Ce film tu l'as déjà vu, puisque c'est ta vie, ça peut pas être un navet, vu qu'c'est une parodie". Le changement de style est contemporain des nouvelles brochures Shein, faut avouer. Même les prod' de Flem sont oubliables, c'est le syndrome tatto cover.

born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

Ouvert, oui : façon blood eagle. Trop humain, emo, excessif, impudique, détresse à corps perdu, obscène, brutale. Rap-jeu ? Pas là pour jouer. La drill ? Versant Unknown Pleasures.

Note donnée au disque :