16 › Into Dust

Into Dust prévient que quelque chose cloche dès la pochette, avec son papillon-sablier tombant comme un cheveu de Diane Dufresne dans la soupe à l'amiante. Celles des deux précédents n'étaient pas d'une esthétique renversante, mais au moins elles intriguaient un peu - même avec des papillons ! - alors que là, on est plus près de la croûte. Ce que confirme l'écroûte. L'écoute. Enfin : ce moment de déception auditive. Une image d'Épinal du rock-core bluesy de daron barbu, parfumé au Diesel et aux bières IPA. Même si on y croit un peu avec "Misfortune Teller" et ses grattes qui attaquent la poire de vitesse, v'là donc "Dead Eyes" qui nous présente son chant clair mélodick, pousse jusqu'au solo hair-prog, et on se gratte le menton, l'émoji "smiley de gros doute" grossit jusqu'à prendre toute la place dans notre tête, tel un SUV dans le studio. Ce que la suite, infirme, confirme. From Cris to Bobby. Ce qui marchait en équilibre "brute sensible" sur le précédent, est ici bien bancal, banal, et moins si pas d'affinités. Ce 16 dévoyé fait même penser par moments à du Baroness de croisière, et ça, c'est un peu comme Sylvie : ce n'est pas très joli. Patchwork in progress ? Tatouage de plage ? Leurs punitions furent toujours aussi lestes que pédestres. Désormais, des riffs qui roulent en véhicule utilitaire slaloment entre les plots jalonnant mon ennui, et des refrains chant clair klaxonnent avec leur petit camion devant ma maison, pendant que je ronfle. 16 y arrivent même à évoquer Fear Factory ("Null and Eternal Void") ! What the truck ?! "The Floor Wins" me dit 16... OK, l'intitulé est super, le matraquage bien martial emballe, mais le sixteenophile (hum) n'y croit plus à ce stade (dans lequel ils semblent vouloir jouer). Trop de chewing-gum dans les mélodies ? Trop de sourires dans la soupe à la grimace ? Magie est partie. Caramel, mal cuit. "Lane Splitter" ne suffit pas à consoler. "Never Paid Back" ? C'est pas du Nickelback, mais c'est pas non plus du 16. Ceci est du post-16. C'est donc du 17. C'est donc le numéro de police secours, qui ne répondent pas car, je cite l'agent au bout de la corde : "on a pas d'temps à consacrer à des tagueurs". Le jazz-bar de "Born on a Barstool", pouvait apporter une petite touche différente. Ils essaient, les patrons du hardcore post-Black Flag, ils tentent. Into Du(r)st présente cette succession de morceaux au mieux génériques et souvent pénibles, cherchant l'émotion mais surtout mal branlés, trop tièdement mielleux pour 16. Faut qu'il se passe un truc qui s'est pas passé et pis c'est tout, c'est ça qui s'entend, c'est ça qui fait que c'est raté, dans cette voie "16 hollywoodien", dans le Phil Anselmélo. Dream Squasher était un numéro d'équilibriste réussi, entre hardcore et blues, un album peut-être pas intégralement prenant mais qui avait du chien (...) et de la gueule. Ici, c'est plus tatouage de husky, pour beuglante ocre médiocre sur motifs roses concon. C'est poussif, ça tape à côté, ce n'est pas digne de ces artistes. Le premier mauvais album de 16, faut bien l'admettre, même si ça fait mal au core. "Dans la poussière" ? Qu'il y reste. Et que Jerue revienne parmi les siens.