Fange › Privation

Quand il y a de la rage dans l'air, quand à force de serrer les poings et les dents on en finit par se faire du mal aux articulations on peut alors s'imaginer des B.O. de la vie, de celle qu'on vit maintenant, hop hop hop ; cette petite musique violente qui tourne et tourne, ces éclairs de colère qui montent dans les joues, cette mémoire ponctuée de regrets et de douleurs transmutés en colère "divine", cette pandémonerie je crois que je peux l'entendre chez Fange, voyez ? Et pourtant, pourtant, quelques années séparent mes débuts d'écoute de ce groupe et ce dernier opus et je crois qu'il y a des scènes de cinématographe qui déboulent bien plus facilement dans mon ressenti grâce aux moments "cyber-terreur" que j'entends quand arrivent les ponts plus "calmes" de ce nouvel album titré en "P" avec des quasi-sonnets pour paroles... là, tout de suite les travelling se mettent en route, au milieu des flammes ; "sans faire de manières", tiens, il fallait que je le dise aussi, les Français ! Continuez à gueuler en français, ça rend tellement bien ! Souvent tellement mieux même que de l'anglais mal écrit et mal prononcé... ! Les déclamations tombent donc comme des slogans existentiels et furieux sur "Privation", et ça colle tellement bien à l'air du temps... il y a surtout, faut le souligner à l'unisson de la Presse subsistante dans notre beau pays, il faut bien redire que vous trouverez sur cet album quelques sonorités ou inspirations inédites se calant un cul entre trois gros riffs bien sludgeo-azagthotiens : je parle bien sûr de ces guitares gothico-métallisées, ces sons sortis du grand livre de recettes feraillo-industrielles, servis par une production pensée pour faire péter de trouille vos voisins quand vous déboulez avec votre C3 toute cabossée tel un "ange de la route" méga vénère par sa journée de boulot encore une fois bien dégueulasse. Blade Runner périurbain, assoiffé de vie et de rétribution, ce Fange chasse les répliques de la vérité, les fausses représentations et les parasites mentaux tel un Jésus famélique qui foutrait le feu à l'Euromarché. Enfin, vous voyez le topo si vous suivez en parallèle la carrière d'Hangman's Chair dont le chanteur colle un pied sur le retour dans le morceau "Portes d'ivoire", ces groupes de sludge ou doom si vous voulez qui mettent "du vinaigre dans leur sang" avec le temps, touillent le tout et vous offrent de la musique goûtant aux autres chapelles sombres de la famille darknessienne, rock gothique, rock industriel, metal atmosphérique si ce genre existe, enfin mettez-donc l'étiquette que vous voulez, jusqu'à atteindre le tubesque dans certains refrains - la piste "Les crocs limés" a un potentiel de tifo démentiel dans un gros festoche, vous me direz les estivants métalliques ? Enfin, je ne sais pas si nous avons ici un album de l'année 2023 comme le disent les autres, mais je dirais pour ma pauvre part que ce gratin au pneu brûlé est bien assaisonné, à point, prêt à servir dans ta gueule ! Allez, ouvrez la bouche, faites aaaaah