Ironie, mordante (forcément avec des loups partout) ironie, quel que soit le côté d’où l’on regarde… En 1984, Tony Wakeford est prié de quitter Death in June en raison de ses sympathies de plus en plus affichées pour le Biritsh National Front, il crée alors dans la foulée un projet éphémère et mystérieux dont le line up ne sera jamais révélé. Au delà de la controverse idéologique autour des convictions de l’ami Tony, aujourd’hui complètement reniées et depuis belle lurette (il serait temps que les antifas se mettent à la page), l’unique essai d’Above the Ruins sonne beaucoup comme du Death in June première époque (les chiens ne font pas des chats pour rester dans le règne animal) et c’est là son intérêt. Musique post punk glaciale et sombre dans la lignée de Joy Division, à la qualité sonore correcte (grâce au gros boulot de mastering), axée sur des lignes simples, répétitives, créant une forme hypnotique héritée du punk mais introduisant déjà une vibe spéciale préfigurant les premiers travaux avec Sol Invictus. L’anti-marxiste ‘Progress’ porte déjà en ses lignes le goût pour une new wave martiale qui marquera Sixth Com et Death in June, pour muter ensuite en ce que nous connaissons aujourd’hui comme le dark folk. Toutes ces informations étant fort intéressantes, la question suivante s’annonce : ’s’il n’avait été un projet de Tony Wakeford, s’en souviendront-on encore aujourd’hui ? Oui et non, ‘Songs of the wolf’ n’est pas un disque exceptionnel mais il est bon, tant dans l’atmosphère glauque, claquante, que mélodiquement. Il vaut donc largement le coup d’oreille. À noter que cette réédition est la plus complète puisque proposant l’album de base sorti en 84 avec un morceau bonus de triste réputation car figurant sur la compilation ‘No surrender’ du label puant ‘Rock-o-rama’ plutôt très orienté RAC. Très bien mais alors pourquoi aujourd’hui acheter une telle réédition ? Tony regrette ses errances idéologiques (cf sa déclaration écrite de 2007 pour le label Tursa bien qu’il l’ait statué oralement bien avant) c’est un bon disque de post punk glauque, le lien manquant entre Crisis et le premier disque de Sol Invictus et last but not least, la majeure partie des bénéfices sera reversée à des associations telles que ‘Hunt Saboteurs’ (groupe anti-chasse dont je suis membre cotisant) et ‘Southall Black Sisters’ destinées à soutenir et aider des femmes étrangères contre la violence et la précarité. Comme quoi, les erreurs du passé peuvent adoucir le présent…