Breach › It's Me God

Il y a fort longtemps, dans un pays fort peu lointain, un Suisse prénommé Alain feuilletait avec attention ma pochette de CD et émit la sentence suivante : « écoute Breach, c’est un mélange entre Radiohead et Neurosis ». Ah. Appliquant le théorème selon lequel, en musique énervée, les Suédois/Canadiens/Japonais font comme les autres mais en mieux, je me fiai à son jugement. Neurosis, pourquoi pas, Radiohead, bof. Breach, c’est quand même un peu rêche, surtout sur ce second album dont on croit souvent qu’il est le premier. Depuis, je n’écoute plus Radiohead, moins Neurosis mais toujours autant Breach. Coïncidence ? Let’s find out !

Breach et Botch, cela sonne comme une BD franco-belge d’après-guerre mais aussi, et surtout, le tournant du siècle et les riches heures de ce que l’on appelait le post-hardcore. Hardcore, sans aucun doute, mais avec un petit cœur dessous et une furieuse envie d’en découdre avec les signatures rythmiques. Breach est certes moins tordu et ambitieux que son homologue américain, mais ils ont en commun d’avoir défini un style et d’en faire le tour en une poignée de sorties avant de tout laisser tomber. Breach s’appuie d’abord sur la section rythmique et c’est un de ces groupes qui te donnera envie de jouer de la basse tant elle est présente dans le mix et soutient l’édifice. La batterie, elle, est une offrande aux esthètes de la snare typée nineties et des cymbales qui semblent se trouver à dix centimètres de tes oreilles. D’ailleurs ils en utilisent deux, histoire de bien se faire comprendre.

Et les riffs dans tout ça ? Ils dissonent un peu mais ont un bon pied dans la pure tradition HxC, comme dans « Painted Face ». Le sommet de l’album demeure tout de même le simplissime et épique « Replenish the Empty ». Ah, voilà, on y est, la petite touche emo qui manquait. Un morceau à écouter dans le métro, avant une réunion vénère, après une rupture. La suite, lancée par un passage ambient-arty incontournable à l’époque, paraît un peu tourner en rond. Après avoir ressenti ces petits papillons dans le ventre, c’est un peu dur de redescendre. Pas grave, rien n’interdit de se relancer la première moitié et pourquoi pas toute la discographie en shuffle. Ce n’était pas simple au début du siècle mais cela fait partie des rares plaisirs de la modernité.