Hexis › Aeternum

Aussi épaisse qu'un kilo de pancake, la musique d'Hexis pousse tout naturellement à la congestion des sens, la désorientation si vous êtes bourré, la panique si vous êtes fatigué, un peu comme toute musique dans les labels extrêmes du hardcore punk ou du métal : plus ça tartine, plus ça tape dans les intestins, plus on souffre, mieux c'est ! Groupe de Copenhague, sortant des albums à un rythme douillet, publié dorénavant chez Debemur morti, Hexis reste assez ancré dans un programme discographique mastoc, à savoir une tranche de goudron enfoncée de force dans les oreilles de ses auditeurs. Guitares gigantesques, voix qu'on retrouverait dans les groupes de matheux coreux, sans vraiment de génération émotive autre qu'une énorme lassitude qu'on pourrait qualifier de suicidaire tellement le constat semble sans appel : tout est niqué, c'est la lose, tant pis, je touche pas 20 000 francs, je vais en prison, j'ai perdu, adieu les petits chapeaux, les petites autos, les hôtels rouges, les maisons vertes. Tout le bif est ailleurs, dans l'amertume et le pré plus vert du voisin, renvoyant aux références de désespérances classiques du sludge ou du hardcore, des morceaux lents pas cool et hurlés, d'Overmars à Cult of Occult, de Noothgrush aux antiques Cult of Luna ; enfin, vous prenez tout ça, vous effacez les couleurs, et vous ne gardez que le squelette d'une sorte de tracteur de la mort, écrabouillant tranquillement arbres, rochers et foyers tel le Géant de "L'histoire sans fin", attristé en voyant qu'une machine encore plus grande va lui rouler dessus aussi un jour...