J’ignore tout des leviers ayant poussé à la création de Pan-Amerikan Native Front mais apparemment les deux albums composés à ce jour par le groupe tournent autour de la Guerre de 1812 et ses prémices qui verront les USA affronter l’Angleterre; les premiers pensant que les seconds armaient les tribus indigènes, ce qui freinait la conquête de l’Ouest. Cette année-là verra la mort de deux leaders amérindiens, Tecumseh (auquel le premier album était consacré) et Little Turtle. ‘Little Turtle’s war’ désigne d’ailleurs une série de conflits causés par la cession par l’Angleterre de terres au gouvernement américain en abandonnant les alliés indigènes. Les tribus créèrent alors la Confédération de l’Ouest pour maintenir l’indépendance des terres indiennes avec la rivière Ohio comme frontière avec les USA, le point d’orgue s'avérant la défaite de Fort St-Clair près de la rivière Wabash, l’une des pires pour le pays qui perdit plus de six cents soldats face aux Indiens victorieux (contre 263 lors l’autre désastre, celui de Little Big Horn en 1876). L’intro est paisible, une rivière coule, quelques accords frais résonnent. Cela ne dure pas, explose un fracas électrique, des roulements de batterie, une voix hurlante, comme des incantations guerrières violentes, avant que les accords calmes ne résonnent à nouveau en solo au bord de l’eau. Brièvement une fois encore. L’époque est à la guerre et la violence crue du black proposé en témoigne, ce que confirme ‘Power of the calumet dance’ proposant un black metal déferlant, très européen dans ses intonations. Pourtant comme toujours, Pan-Amerikan Native Front accordent une importance évidente à la mélodie, le jeu en balayage tisse ses vagues noires que leur agressivité rend presque hypnotiques. ‘Little Turtle’s war’ sonne plus violent que ‘Tecumseh’s war’ même s’il en reprend pas mal d’éléments (la tristesse de certains riffs, le déchirement palpable dans les vocaux par moments). Il faut dire que le groupe les met plus en évidence en alternant des moments plus ‘paisibles’ (les bruits de pas dans le gravier de ‘Battle of the Wabash’ avant qu’un coup de mousquet isolé n’annonce le début des hostilités; l’instrumental plaintif ‘The whispering oak’ dont les accords électriques sont accompagnés de criquets, ‘A witness’ instrumental aussi avec riff de gratte et coups de fusils), un peu comme si les musiciens cherchaient à exprimer l’idée qu’une campagne est aussi faite de calmes avant la bataille avec la kyrielle d’émotions qui peut s’y développer. Niveau batterie, le jeu est plus développé aussi, plus lourd, roulant, quand il ne blaste pas. L’ultime pièce se scinde en deux parties, l’une rapide et agressive, la seconde mélancolique avec un beau thème de guitare fraiche, simple mais émouvant sans en faire des tonnes. La Confédération indienne finira battue et Little Turtle signera un traité en espérant la paix entre ses concitoyens et les Américains. Il gardera cette ligne de conduite et refusera de s’allier avec Tecumseh. C’est beau mais l’histoire n’est pas si simple et le black metal qui éclate violemment sans crier gare peu avant la fin de la chanson symbolise peut-être que les guerres indiennes étaient loin d’être finies. Une fois encore, Pan-Amerikan Native Front démontrent qu’en utilisant des influences reconnaissables, ils sont à même de créer une atmosphères particulière, selon moi car leurs intentions sont nettes et claires. Plus ambitieux, le disque témoigne aussi d’une maturité grandissante quant au jeu et aux évocations développées… 4,5/6