Dying Fetus › Reign Supreme

Cet album est comme la Cristaline : il coule de source mais l’emballage est en plastique. Il faut pourtant bien qu’on l’entende cette batterie, mon bon Fenriz, mais ce son de caisse claire est très vilain, je te l'accorde. À l’aveugle, j’aurais même dit que l’album avait été produit par Erik Rutan mais ce n’est pas le cas. C’est donc un mal plus diffus de la modernité sur lequel il n’est pas utile de s’appesantir. À leur décharge (de fœtus), il faut dire que ce n’est pas facile de faire sonner le brutal death-grind et c’est un problème ça, cher Monsieur, j’en parlerai au prochain conseil de gestion.

Voilà pour le défaut du disque. Maintenant, voici sa première qualité : c’est le meilleur disque du groupe. Chaque riff, chaque dégoulinade de sweeping, chaque blast, chaque breakdown : tout est en place. Et comme on entend tout et que c’est carré, dès lors, tout en faisant du air-drums de folie, tu peux jouer les riffs à la gorge, les sweeps à la bouche, le tout entrecoupé de borborygmes et de paroles dégueulasses. « From Womb to Waste », le tube, tu veux peut-être un dessin ? J’ai lu les paroles, c’est pire que dans mon imagination mais je préfère le gore qui brûle le cérumen au troisième degré que la plupart des autres textes aux thèmes et traitement fort génériques.

Une fois n'est pas coutume, le disque gagne encore en puissance dans sa seconde moitié. Retour au hardcore AOC east coast sur « In the Trenches », breakdown à s’en péter les gencives de plaisir sur « Devout Atrocity », intro mélo-black virtuose sur « Revisionist Past » et, sur le dernier titre, solo à faire pleurer le peu d’emo qu’il reste dans nos petits cœurs putréfiés après toute cette gerboulade. Les heureux possesseurs de l’édition deluxe ont en outre un fantastique bonus de cinquante secondes : Dead Whores (de luxe, donc) Love to Fuck. Tant de générosité, ça m’arrache la larmichette et les paupières.

Un chef d'œuvre dans son genre qui nous offre cet espoir sans cesse renouvelé de faire hurler de rire ou de consternation nos copines, notre cousin pédiatre et nos mamans, en portant bien haut l’étendard du FŒTUS MOURANT. Bonne chance !