Selim Lemouchi & His Enemies › Mens animus corpus

A peine quelques mois après la dissolution de The Devil's Blood, son fantasque guitariste, Selim Lemouchi, reprend du service et nous propose son nouveau groupe, Selim Lemouchi & His Enemies. Alors que son précédent groupe œuvrait dans du occult rock à la Coven, ce nouveau combo est plus proche du space rock pur et dur, toujours vintage et toujours avec cette volonté de faire monter l'auditeur dans une transe qui le transportera loin, très loin.... Ce premier essai, sous la forme d'un mini album de trois titres pour un peu moins de 30 minutes, propose donc un rock psychédélique et spatial avec une atmosphère pesante et spirituelle, reprenant, en quelque sorte, la suite de son précédent groupe, dans un genre plus calme et contemplatif. Le propos est toujours aussi occulte, mais avec une approche moins rythmée, moins purement rock, mais avec une composante psychédélique bien plus prononcée, très instrumentale, même s'il y a un peu de chant. Sur le premier morceau, "Eschaton", le batave y incorpore même des éléments de blues dans son jeu de guitare, avec de nombreux solos en son clair avec pas mal de reverb', donnant une impression de jam plus ou moins improvisée évoluant lentement. Même les parties speed restent finalement calmes et presque posées. On a l'impression de se retrouver dans les années 70, à mi-chemin entre les débuts de Pink Floyd et ceux d'Hawkwind, notamment sur le single et deuxième morceau de l'EP "Thistle". On sent que la formation se cherche car il y a pas mal de longueurs, notamment sur le final "Your way down" qui dure à peu près la moitié du disque et qui manque d'accroche, dans un style plus énergique et totalement dans la mouvance du "Brainstorm", version "Space ritual", d'Hawkwind. On voit bien que le groupe expérimente, qu'il veut proposer une musique très aérienne et spirituelle, à mi-chemin entre compos et improvisations, avec beaucoup de place laissée à la liberté des musiciens mais au final, ça tourne pas mal en rond. En fait, un titre comme ce "Your way down", il n'a véritablement de sens qu'en live. Et il lui manque une véritable explosion jouissive. Franchement, en concert, cela pourrait donner un résultat époustouflant. Là, en sudio, l'effet est moindre et la montée n'est pas constante. Cela stagne pendant ses trois derniers quarts. Les trois morceaux proposent chacun de bonnes choses, il y a de bonnes évolutions et surtout une atmosphère prenante, allié à un chant très vintage, proche de Syd Barrett, mais il manque encore de cadre. Je vois vraiment cet EP comme un exercice pour eux, une première étape pour mieux canaliser leur style, pour mieux se connaître, voir jusqu'où ils peuvent aller ensemble et dans quelle mesure. On sait que Selim Lemouchi est un musicien et un compositeur hors pair. Il manque simplement un peu de temps pour que ce nouveau groupe puisse nous montrer toute l'étendue de son talent. Heureusement, on aura droit, juste à temps, à un album longue durée qui sortira quelques mois après ce premier essai, avant que, hélas, Selim ne décide de passer de l'autre côté du miroir...