Byronic Sex & Exile › Unrepentant thunder

‘I must become a menace to my enemies’… Typique de Joel Heyes de citer June Jordan, poétesse bisexuelle militante afro-américaine au coeur d’un album plus que jamais baigné par le spectre de Lord Byron (dont il récite le poème ‘Missolonghi’) car l’homme ne cultive pas gratuitement une nostalgie romantique passéiste, il cherche au contraire à la retrouver aujourd’hui, à tirer des parallèles, des enseignements, entre passé et présent car les combats, leurs motivations n’ont finalement pas tellement changé; les allusions au passé et l’époque contemporaine ne cesse donc de se croiser pour nourrir une réflexion contemporaine. Mourir pour la Grèce, une sorte de fantasme pour un Byron lassé de la vie et des excès, galvanisé par une dernière cause, celle de l’indépendance du pays pour laquelle il s’engagera financièrement, physiquement, avant de mourir de fièvre sans avoir réellement pu prendre part au combat… Le disque suit une évolution qui y ressemble, les premières chansons sont de véritables tueries. Le gothic rock pratiqué par Byronic sex & exile est épuré, sec, mélancolique, avec une étincelle de fougue flamboyante charriée notamment par le baryton profond de Joel Heyes. Les paroles sont importantes, la musique est donc construite pour les servir et non l’inverse. Boîte claquante, au premier rang niveau mixage, parties de guitare prenantes, un peu de piano synthétique glacé, un chant de conteur impliqué légèrement en retrait des événements. Heyes est aussi de ceux qui aiment à laisser tourner des structures quand la mélodie semble bonne, c’est une qualité qui peut parfois se muer en défaut car les pièces tournent volontiers autour des cinq minutes. Jusqu’au très dansant ‘Ecstasy’ (démontrant une fois encore que l’homme n’est pas dénué d’humour, le titre faisant référence à une affirmation que les goths sont de bons amants), le cd dégage une vraie fougue obscure. Le ton se fait ensuite plus triste, désenchanté, les compositions se dévoilent plus dépouillées, lentes, un peu trop… J’ignore si cette progression est volontaire, comme expliqué plus haut, mais toujours est-il qu’elle fait traîner l’album. Non pas que ces derniers titres soient mauvais mais ce minimalisme prenant révèle aussi son versant un peu ennuyeux; l’atmosphère est émouvante mais cette succession de morceaux lents, plutôt longs, finit par traîner la patte. Cet agencement moyennement malin nuit à la qualité d’un solide album, trop long, mais comme toujours avec les opus de Byronic sex & exile baignant dans des ambiances vraiment particulières, originales, comparées à ce qui se fait généralement dans le genre. Une fois encore, je demeure mesuré dans ma note alors que j’adore vraiment ce projet, tant pour sa démarche que pour l’attitude de son géniteur. Une œuvre qui eût pu être déclinée en deux volets ou arrangée différemment, à moins qu’elle n’ait cherché à traduire au travers de cette chute de pression une forme de pessimisme quant aux engagements contemporains ? 4,5/6