Il y a quelque chose de 80’s as fuck dans la musique de Morticia, notamment la cogne de la batterie, franche, pleine d’enthousiasme (typique de l’époque et de sa soif de vivre, d’expérimenter), les claviers grandiloquents et les rugissements de guitare hérités du hard rock (cette réédition est chapeautée d'ailleurs par un label heavy). Dans le style, je n’ai pas beaucoup entendu de groupes sonner ainsi, ce qui permet généralement de les reconnaître dès les premières mesures. Les Américains assument d’ailleurs leur approche gothique d’un shock rock hérité de Alice Cooper, leur univers se construit autour des thèmes chers aux films d’horreur de série B: pierres tombales, vampires, effroi, brumes nauséabondes, écrivains à la Poe… Pas besoin de timbre guttural, les chants décidés, mélodiques, en position de conteur de Matt Batchelor et de Jodie Tanaka suffisent; difficile de ne pas établir de parallèle avec 45 Grave dans cet aspect hard rock/punk détourné. Les claviers jouent un rôle important dans ces ambiances délicieusement pompier mais jamais trop, renforcés par une guitare qui ne cherche pas à brider son électricité. La touche fuck me 80’s pourra sans doute en rebuter certain(e)s, je trouve au contraire qu’elle fait partie du charme (forcément obscur) de Morticia. Outre son énergie, l’autre atout du combo est sa capacité de proposer des petites touches originales, ainsi l’intro semi-acoustique de ‘And now the screaming starts’, celle de ‘Deadlier than the man’ inspirée de Ferdinand Loh (la musique classique populaire constitue volontiers une influence) ou l’échantillon d’un prêche de Jack Van Impe pour démarrer ‘Christian vices’. Comme on apprécie les films de la Hammer, les plans délicieusement désuets de Morticia font mouche à tout coup. A noter que le combo vient de rééditer une partie de sa discographie, notamment ce premier opus enfin dispo en cd et enrichi de deux titres bonus, notamment l’excellent ‘You scare me to death’. Destiné à celles et ceux qui préfèrent les originaux aux copies Netflix.