Placebo › Without You I'm Nothing

Nous y voilà. Après avoir éveillé l'intêret des critiques, principalement du fait de son leader Brian Molko, au look androgyne et dérangeant (qui, pour l'anecdote, considère les deux autres membres du groupe comme ses maris), la formation nous pond cet album de la maturité. Le groupe n'a pourtant en rien perdu son goût marqué pour les riffs aux sonorités punk, il se permet juste d'acquérir la maîtrise et la profondeur qui faisait défaut à l'album éponyme. La chose la plus étrange, reste l'enchaînement illogique des morceaux (certains parleront d'incohérence), puisque, aux côtés d'un rock d'une puissance et d'une intensité rare, viennent ronronner des compositions pop épurées et inquiétantes cassant complètement le rythme ("Ask for answers", "The crawl", "My sweet prince"), plongeant l'auditeur dans une torpeur étrange. Et puis, il y a les vocaux, toujours aussi nasillards et prononcés, qui ne peuvent nullement laisser l'auditeur indifférent, sublimés par les textes excellents et cohérents. L'ensemble forme un disque noir et mélancolique, brut et virulent, intelligent et travaillé. A noter qu'il existe une version française de "Burger Queen", ainsi qu'une deuxième version du titre éponyme réenregistrée avec David Bowie.