Le souci avec Deeper Graves, c’est qu’ils sont d’une manière le funeral doom du goth rock. J’exagère bien sûr mais le côté putassier fait partie du job; ce qui est net c’est que le groupe affectionne plutôt les tempi lents, les ambiances brumeuses (version smog plus que jolie bruminette du matin…J’adore inventer des mots à la louche)… En soi-même, c’est assez raccord avec le nom. Aucun son clair, une batterie qui claque bien au premier plan, peu de rebondissements, on se complait volontiers dans une errance entre les cyprès une nuit sans lune qui me rappelle un peu Lestat mais en plus plombé, moins sec. Niveau atmosphère, c’est costaud et plutôt plaisant mais il faut être ‘in the mood’ parce que sinon non pas l’ennui mais une certaine hypothermie hypnotique risque de gagner vos sens. Bien sûr, le combo nous administre une bonne cuillère d’huile de foie de morue en plein milieu du skeud sous la forme d’un ‘Ode to war’ flirtant avec le deathrock, plus pêchu dans son rythme. Il fallait bien ça, parce que le final nous replonge dans une torpeur mortifère assez agréable mais un peu lassante car les compos sont longues, ainsi ‘Last transmission’, sort de cold wave lestée à coup d’haltères sans chant véritable mais des sortes de boucles de voix féminines louches. ‘In Memoriam’ reprend le même plan mais avec timbre masculin cette fois, d’outre tombe sur près de sept minutes. Comment dire ? Ce n’est pas mauvais du tout mais voilà typiquement un skeud mal agencé, le mixage uniforme, l’omniprésence des rythmes de lent, une voix de caveau adaptée mais sans charisme spécial, les plans de compositions assez similaires rendent le tout assez fort quant aux atmosphères mais quand même un peu ennuyeux sur la durée bien qu’on ne totalise que six titres. Selon les jours, c’est parfait pour trimballer le poids de sa mélancolie dans son casque mais moins adapté lors des sorties cueillette des framboises. On se demande bien où ces routes ouvertes peuvent bien conduire car niveau ambiance, c'est plutôt étroit...