On croit déceler des influences brésiliennes dans ce premier morceau mais est-ce si surprenant de la part de Bourbonese Qualk ? Alors que tant de groupes travaillent à affiner un style, le leur est de ne pas en avoir, ce que confirme plus que jamais ‘Unpop’. Titre, déclaration de foi ? Nos Anglais donnent depuis toujours l’impression de composer quelques titres, qu’ils entourent ensuite de plages instrumentales où une grande part semble laissée à l’improvisation, l’expérimentation; leur manière d’écrire de la musique est définitivement atypique, surtout en 1991 où les dernières braises du post punk ne réchauffent plus beaucoup l’âtre. Après cette étrange rumba, le groupe enchaîne par une forme de post punk EBM où pointent en filigrane quelques influences technoïdes au niveau de l’électronique de manière très discrète. En réalité, c’est plutôt les influences ethniques qui vont colorer le disque (‘M25’, ‘Seven eleven’, ‘Our great car economy’…), développées sous l’influence des deux nouveaux membres et ne pouvant qu’évoquer les travaux de Brian Eno et David Byrne (‘Propane’). Toute velléité rêche a disparu sauf dans quelques morceaux plus appuyés où la voix de Simon Cab est toujours passée aux effets mais on sent bien qu’une page se tourne, même si avec doigté. D’ailleurs si ces nouvelles influences jazzy (jeu de guitare clair, frais), ethno-ambient, propices à une forme de rêverie, sont agréables avec leur doux vague à l’âme (‘Under the influence’), on est quand même bien content de les trouver équilibrées par les chansons plus rythmées et agressives avec vocaux. Certaines sont de vraies réussites même si de plus en plus marquées par l’air du temps (‘Westblok’) et malgré les ‘Resist !’ de Crab, une certaine lassitude pointe le bout de son nez, celle de la révolte des 80’s qui croit avoir échoué (alors qu’elle a semé des graines bien plus tenaces qu’escomptées). Durant dix années, Bourbonese Qualk auront lutté contre un certain régime social, pour certaines valeurs, en résistant effectivement à toute récupération par la mode mais avec ‘Unpop’, ils en sont arrivés au point de rendre les armes et de céder aux sirènes de l’électronique qui aura leurré bien des punks en leur laissant croire qu’il s’agissait de la nouvelle forme de résistance. Un dernier sursaut que l’on vit la tête renversée sur le sofa un verre de rhum dans la main en attendant les bulldozers venus démolir le squat.