Bourbonese Qualk › My government is my soul

C’est ainsi avec la pratique, difficile de s’empêcher de mieux jouer, de progresser, même et surtout dans des styles expérimentaux. La démarche ne change pas: demeurer militants, explorer toute une palette de genres pour faire de chaque disque une sorte de codex urbain avec sa mixité culturelle; elle sonne pourtant de plus en plus assurée, riche, subtile dans le dosage sans perdre de son âpreté. Les nouveaux musiciens n’y sont sans doute pas étrangers. ’My government is my soul’ est une progression en jungle citoyenne et le jeu de percussions en sort gagnant, de par sa précision plus que par sa complexité. Il y a quelque chose de réellement tribal dans l’approche de Owen Rossiter, nouveau venu dans le groupe et plutôt maître dans son domaine, qu’il s’agisse d’endosser le rôle de rouleau compresseur (l’industriel âpre de ‘Eist’, ‘Keep pushing’), de simuler un jeu de piste dans une forêt vierge (‘Gulit’, Ton Ton Macoute), une transe de guerre ( ‘Deviance amplification signal’) ou de tester le minimalisme en cave parfumée à la mérule (‘Forget the past’), avant de s’octroyer des fins de nuit brumeuses au bord de la Tamise (‘Murmur’). L’autre nouveau, Miles Miles, n’est clairement pas un manchot non plus. Réputé unique, doué et multiple dans son bagage (musique brésilienne, arabe, sans compter un goût avéré pour l’architecture), son jeu de saxophone notamment enrichit plusieurs pièces (‘Murmur’) en tissant des parallèles avec Tuxedomoon dans leurs partitions les plus louches mais aussi son jeu de guitare (‘The last thing we have is a choice’, ‘Volve’). Le travail sur l’électronique assuré par Simon Crab poursuit dans une veine expérimentale mêlant EBM et indus, un sentiment renforcé par les vocaux agressifs. Nous sommes en 1989, beaucoup de formations ont tourné casaque depuis belle lurette mais pas Bourbonese Qualk qui évoluent peu dans la démarche mais beaucoup musicalement pour des albums d’une richesse et d’un impact remarquables, uniques.