Ça m'a sauté aux narines quand j'ai écouté cet album : voilà, c'est ça dont ils parlent tous là ! La synesthésie ! Pourquoi ? Parce qu'au bout de deux à trois minutes sur des enceintes qui ont tendance à arrondir les basses j'ai subi une bouffée d'odeurs à mon avis imaginaires, complètement liées à cette musique : j'ai bien crû que Ruin puait du bec, littéralement, juste en écoutant leur musique, pas en foutant mon groin dans le cul du fromage qui pue... incroyable ! Fascinant ! Et pourtant de loin on va se dire : " mais oui ! c'est un groupe de death metal à l'ancienne" et c'est bien, parce que j'aime le death dégueulasse enregistré au fond des chiottes et c'est ça Ruin, groupe rapidement formé et splité il y a trèèèèès longtemps pour des raisons qui semblent tout à fait américaines (folie, prison, endoctrinement) et qui s'est reformé dans les années 2010, et c'est encore sur Blood Harvest, et c'est encore sur Memento Mori, et je suis encore accroché comme un gamin qui reluque les bonbecks au bureau de tabac, je salive, ça schlingue, c'est enregistré sous mon lit en compagnie du monstre habituel, c'est joué sur des instruments qu'on dirait trouvés à la décharge, c'est rempli de bruits gras, de saturation, de samples morbides, mais comment ne peut-on pas aimer ce death metal deux de tension growlant, annonçant les lendemains qui ne chantent pas, vive l'Amérique vive la France, les yeux plongés dans ceux d'une truie qui nous regarde avec sagesse, on est nu, on se réveille recouvert de boue et de merde, mais bon dieu qu'est-ce qu'il s'est passé ? Voilà ! Voilà où on en arrive, on commence doucement avec des petits groupes qu'on paye trente balles de frais de port pour une cassette ou un CD et on se retrouve à la rue, drogué, prostitué, terrassé, n'ayant plus que les yeux pour pleurer, et la langue pour quémander un peu d'argent afin de se racheter un patche avec un dessin "vomi" dessus. Misère !