Psychic TV, c’est un peu comme Current 93, un nombre incalculable d’albums live donc forcément ça finit par tourner en rond, croit-on. Pas tant que ça au final, le type de musique pratiqué par les deux formations ainsi qu’un line-up à géométrie variable font que chaque show semble une nouvelle aventure malgré un choix de morceaux connus. Le souci avec les premiers est que la qualité sonore n’a pas toujours été au rendez-vous, flinguant l’expérience à mi-parcours. ‘Descending’, ça a été ressorti chez Sordide Sentimental donc c’est un gage de qualité, ce que je confirme. Pas de dictaphone planqué dans un marshmallow géant, le son conserve un grain roots mais de bon aloi en parfaite adéquation avec le côté rituel du spectacle. Les musiciens se lâchent bien d’ailleurs, les pièces sont longues (deux avoisinent le quart d’heure, les autres tournant autour des six minutes en moyenne). La construction de la performance dans sa globalité est maline, cohérente, plongeant l’auditeur dans un véritable voyage initiatique où dominent l’impression de rituel, de pulsion primitive, les mélodies n’étaient clairement pas la pierre de voûte. Percussions tribales, guitares grinçantes, basse lourde, nombre de petits bruits (clochettes, gémissements sexuels, nappes synthétiques, gazouillis…) pour étoffer l’ambiance selon les besoins, Psychic TV élaborent des morceaux plus que des chansons, des pièces taillées pour la scène et capables d’être adaptées et de s’adapter; des albums de cette trempe permettent d’appréhender l’idée dans sa pureté artistique. Genesis P.Orridge se place vocalement comme un véritable chaman, psalmodiant, chuchotant, laissant la tension enfler dans sa gorge, hurlant par moment. ‘Descending’, c’est un disque indus au sens pur du terme, incorporant des éléments ethniques, originels, dans une musique née de l’environnement urbain. Certaines versions de cet album sont démentes, ainsi ‘Thee shining’, véritable transe d’exorcisme dans un cercle de feu en plein brousse, ‘Enochian call’ avec son côté majestueux et grinçant à la fois, ‘Ov power’… L’ensemble s’achevant dans un collage bruitiste à base de loops de voix laissant soudain place à un instant de calme pour batterie, basse, mélodie douce, qui disparaît en fade-out… Final un peu dommage mais qu’importe vu l’intensité de ce qui a été vécu avant.