Compilations - Bandes originales de films › Lazarus - The original cast recording to the musical

Dans la dernière année de sa vie, David Bowie, en plus de son dernier album "Blackstar", a aussi participé à la comédie musicale Lazarus (dont le morceau-titre est présent sur "Blackstar"). D'ailleurs, la première de la pièce, donnée début décembre 2015, un mois avant le décès de David, sera la dernière sortie publique du musicien anglais. Cette comédie musicale est composée quasi-intégralement de morceaux de Bowie de toute sa carrière, chantés par le casting de la comédie (sauf pour les 40 secondes de "Sound and vision" où il s'agit de David himself dans sa version d'origine), comprenant des chanteurs, des chanteuses et même des pré-adolescentes, le tout étant soutenu par un groupe original reprenant tous les morceaux. En parallèle de la pièce se sont déroulés les enregistrements de la bande originale, les derniers enregistrements ayant eu lieu... le lendemain du décès de Bowie, les musiciens apprenant la nouvelle en arrivant au studio d'enregistrement ! Le résultat de ces enregistrements est finalement sorti un peu plus tard dans l'année, en octobre. En complément de la bande originale de la comédie a été inclus les quatre morceaux (tous présents dans la BO avec d'autres chanteurs), enregistrés par Bowie, qui formeront le EP "No plan" qui sortira de son côté quelques mois plus tard, en janvier. Cette BO ressemble presque à une sorte d'album hommage avec des réinterprétations plus ou moins personnelles de morceaux de Bowie. Mais dans ce cas-là, Bowie était aussi producteur de la pièce, il a dû totalement superviser les choix artistiques ! Et quand on n'est pas prévenu, c'est un peu bizarre, les premières écoutes sont compliquées. La version de "The man who sold the world", en mode trip hop moderne est particulièrement déroutante. En fait, il y a une vraie cohérence dans cette BO avec des ambiances homogènes et collant véritablement avec l'atmosphère sombre et noire de la pièce. En fait, les ré-interprétations sont proches et sonnent un peu comme l'album "Blackstar". On reste dans des ambiances feutrées et jazzy et le rendu est plutôt intéressant. Il y a un côté purement inquiétant, mélancolique et triste dans ces titres. Je ne vais pas dire que tous les morceaux sont bons, mais l'ensemble rend vraiment bien et on sent qu'il y a eu un véritable travail cohérent pour proposer ces versions. Les morceaux interprétés ne proposent que peu de hits, à part "Changes", "Life on Mars?" ou "Heroes". L'album est plutôt focalisé sur les deux derniers travaux de Bowie, à savoir "Blackstar"/"No plan" et "The next day". Passées les premières écoutes déroutantes, il faut admettre que le travail d'arrangement est particulièrement réussi et donne une autre texture à des morceaux pourtant ultra-populaires dans leurs versions originelles. Niveau chant, le choix est vraiment de qualité avec autant de voix féminines que masculines mais toujours pleines de talent. Michael Esper possède un chant vraiment singulier qu'on penserait à s'y m'éprendre féminin, dans le style nonchalant de Marlène Dietrich, amenant un p'tit côté cabaret sympa ! Et surtout, comment ne pas parler de la performance de la toute jeune Sophia Anne Caruso, seulement âgée de 14 ans lors de l'enregistrement de cette BO, avec sa voix extrêmement haut perchée et cristalline ? Pour le coup, sa performance est impressionnante, encore juvénile, mais totalement assurée et maîtrisée. Après, je pense qu'il s'agit typiquement du cas "tu aimes ou tu détestes". Moi personnellement, c'est un grand coup de cœur même si je comprends tout à fait qu'on trouve son chant horripilant. Au final, je trouve que le résultat est convaincant et réussi, mais il m'a fallu pas mal d'écoutes pour l'apprécier à sa juste valeur. L'aspect noir et triste donne de nouvelles interprétations à des standards reconnus et aussi à des morceaux peu mis en avant de la carrière de Bowie et je dois avouer que c'est super intéressant. Bien évident que ces versions ne remplacent pas les originales, ce n'est d'ailleurs pas le but, mais elles n'en restent pas moins dans leur majorité vraiment sympa. Et puis, quand même, quelle classe ! Un bel hommage à un artiste unique.