Course effrénées des molécules, formules cycliques filmées en accéléré… Il débute comme de l’ebm destiné à un générique TV 80’s, cet opus des Bourbonese Qualk, le cinquième quand même. Une illusion car si nos Anglais osent une formule toujours plus dansante, ils demeurent farouchement indépendants, rêches, contestataires, poly-situationistes. Qu’elle soit de nature tribale enfermée dans une cave (‘On your knees’, ‘Untitled’), electro minimale (‘Dream decade’, ‘C2V’) ou simplement indus ou post punk barrée, leur musique ne se dilue pas, elle se radicalise au contraire en devenant de plus en plus sombre (les vocaux souvent hurlés ou agressifs n’y sont pas étrangers) même si, comme il fallait s’y attendre, le combo truffe cette obscurité caverneuse de petits éclats plus lumineux (‘Pipe dream’) car se restreindre à un exercice musical ne fait clairement pas partie de leur codex. Malgré tout, l'ensemble ne respire pas à la franche gaité; oser la mélodie pour mieux rendre les choses désespérées, c’est une philosophie, ça ? Apparemment pour notre plus grand plaisir. A eux seuls, Bourbonese Qualk occupent de plain pied la place laissée vacante par Cabaret Voltaire en début de dérive tout en leur montrant ce que c’est que d’être militant en plus d’expérimental. Toujours aussi ce halo de production DIY qui participe clairement à la cohérence des albums du groupe depuis le début: la contestation et la saleté ne sauraient être lisses, surtout en pleine ère Thatcher. Par moment, la démarche les mène carrément à fouler les terres de Psychic TV à leurs débuts (‘Dummy-run’) et j’en viendrais presque à soupçonner Bryn Jones (Muslimgauze) d’avoir apprécié (‘Unknown trk’). Voilà, je parle, je parle mais le plus simple serait finalement de résumer en disant de Bourbonese Qualk qu’il s’agit d’un grand cru qui ne cesse de se bonifier sans perde sa délicieuse âpreté aux oreilles. Une merveille !