Vague Scare › Transient

Le soleil s’est voilé, personne ne l’avait vu venir… Imperceptiblement, la ville s’est tue, est devenue silencieuse comme si le sol s’était abaissé d’un degré sous terre. Une cave à ciel ouvert, comment est-ce possible ? Etonnant comme s’enfoncer dans les ténèbres peut être lent et apaisant, tel un voyage astral paradoxalement. Abysse ? Cosmos ? Ego ? Pour leur troisième opus, les Bisontins osent l’obscurité, une obscurité naturelle, inconfortable mais hypnotique, à l’écoute des modulations intérieures de chacun. On aimerait user des adjectifs ‘mécaniques’, ‘froids’ et ils seraient probablement adaptés, sauf qu’on navigue plutôt dans un contexte à la ‘eXistenZ’ de David Cronenberg où cette froideur se connecte au système nerveux, à l’émotionnel, se mue en une forme d’ectoplasme qui nous enveloppe comme un cocon, obscur mais bienveillant. Aucun son clair, un travail en nappes qui parait parfois absorber les voix qui naviguent comme ballotées dans un océan obscur dont elles ne contrôlent pas les vagues, les guitares grincent dans une souffrance qui n’est qu’à sa genèse (‘Transient’). Pourtant, pour qui écoute, il y a des mélodies derrière le brouillard. Elles guident imperceptiblement tout au long de ce fabuleux album, complexe, fantomatique, trouble, bourré d’inventivité au niveau des sonorités (‘Transient’, ‘They always come at night’) et de la production, où l’on frise le glauque absolu (‘They awlways come at night’, ‘Sadly optimistic’) mais aussi la lumière qui tente de percer les nuages (‘Nowhere behind my eyes’), sans oublier le rythme parfois bien présent. Non seulement, le duo se renouvelle, prend des risques, mais il le fait en restant envoûtant, fluide, logique, unique dans sa démarche. Car si l’aspect froid, mécanique de ‘Transient’ envoûte c’est bien qu’il est connecté à nos canaux émotionnels les plus intimes. Le noir organique fait partie intégrante de notre être et les loups ne se mangent pas entre eux…